Chronique

Párniczky Quartet

Bartók Electrified

András Párniczky (g), Péter Bede (as, tárogató), Ernő Hock (b), István Baló (dms)

Label / Distribution : BMC Records

Formé en 2016 à Budapest, le Párniczky quartet explore de façon personnelle un jazz mêlé de musique contemporaine et de folk hongroise. Avec ce premier album, le groupe revisite le répertoire de Béla Bartók qu’il électrise. Une démarche qui n’est pas sans précédent dans le jazz, puisque Keith Jarrett, Chick Corea ou encore Lee Konitz se sont déjà prêtés à l’exercice. Mais ce quartet fondé précisément pour l’occasion apporte une touche nouvelle et très intéressante au répertoire du compositeur hongrois.

Le disque commence sur les chapeaux de roues avec « Bulgarian Rythm », un titre qui plante le décor d’une musique riche et dansante, et qui évoque sans tarder Mihály Dresch. Mais le quartet s’émancipe progressivement pour affirmer son style et sa personnalité forte. La guitare d’András Párniczky, puissante et rugueuse, se confronte à la non moins puissante batterie d’István Baló, qu’elle semble venir chercher en permanence. Dans un équilibre subtilement amené, le quartet emprunte des chemins complexes, durcit parfois le ton et distille un foisonnement d’émotions.

L’exercice a des similitudes avec le travail d’Andy Warhol sur papier hydrofuge. Le compositeur est coloré, relooké, sublimé, mais jamais travesti ; il demeure identifiable. La musique de Bartók est aérienne, elle crée un espace qui la caractérise aussitôt. Et c’est précisément cet espace caractérisé que le Párniczky quartet a parfaitement su saisir et restituer en totale liberté. Un coup de maître, ce coup de jeune donné au répertoire de Bartók.