Peg Carrothers

On aura répété à l’envie, à propos de ce disque et de Peg Carrothers - la femme de Bill - que la voix fraîche de la chanteuse est pleine de séduction, qu’elle n’est pas de la profession mais qu’elle exerce le métier de bibliothécaire, qu’elle s’est consacrée à ses enfants et à son mari avant de songer à sa « carrière », bref on en aura fait le portrait d’une « girl » alignée sur des valeurs traditionnelles de l’Amérique profonde. Et si ce n’est explicite dans ce qui s’écrit sur elle, ça transpire de partout.

Tout ça est sans doute juste, tout comme la traversée de 150 années de chansons, et ce répertoire éclaté qui va de Michel Legrand aux Rolling Stones en passant par Aérosmith. J’ajoute juste que depuis que Peg chante et laisse des traces enregistrées de sa voix (Armistice 1918), cette sorte d’innocence me paraît cacher - comme chez son époux d’ailleurs - une sorte d’inquiétude sourde, dont le seul équivalent est pour moi, au cinéma, le genre de climat faussement tranquille qu’on devine dans certains grands thrillers. Fantasme ? Sans doute. Mais c’est ainsi : quand j’entends la voix de Madame Carrothers (et j’aime ça) j’ai comme idée qu’un danger menace, et qu’on ne sait décidément pas d’où il peut provenir. Ça doit être ça, l’effet des anges. On ne sait pas, après tout, s’ils ne vont pas se transformer en démons. Comme les rêves qui virent au cauchemar. Bref, Peg Carrothers ne me laisse pas en paix, et c’est très bien. « Sympathy For The Devil » fait d’ailleurs partie des chansons de ce disque !!!