Peggy Lee & Cole Schmidt

A la fois très ancré localement (plusieurs musiciens issus de la scène de Vancouver, en partie créé sur le territoire amérindien du peuple Salish et les terres aborigènes de la nation Kulim) et dématérialisé (un mode de réalisation sur lequel on reviendra), l’album Forever Stories of : Moving Parties s’est fait sur une bien étrange toile de fond.

Peggy Lee – violoncelliste canadienne basée à Melbourne – et Cole Schmidt – guitariste resté au pays – ont commencé à se produire en duo à partir de 2019 avec une équipe de batteurs tournante.
Sur ce canevas de base, une idée de processus d’enregistrement germe (sic) à l’occasion de la pandémie et du départ pour Melbourne de Peggy Lee.

Ils s’échangent des enregistrements maison, l’une et l’un tissant sur la trame élaborée par l’autre. À partir de quoi d’autres musiciens de plusieurs lieux se sont ajoutés.
Les textures s’étoffent. Les matières se croisent.
Ici ou là, un petit motif brodé vient illuminer la pièce entière : miracle de la touche de basson sur un « Ron for Miles » tout en suspension gracieuse, s’il ne fallait citer qu’un exemple.

Un résultat en forme de patchwork ?
Du tout.
Au contraire, un disque d’une grande et dense homogénéité en dépit de la diversité des intervenants, comme des genres, qu’il aborde.
Tout en territoire jazz que nous soyons, la musique ne dédaigne pas, par exemple, les sonorités âpres des rockeurs aventureux, l’électronique des fêtes obscures, les mécaniques précises des compositeurs répétitifs, non plus que les ondulations sensuelles du funk le plus fluide.

La beauté est ici, partout, et elle est tailleur.