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Edition du 24 mars 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Peut-on parler de musiques noires ?

Communiqué :

Appel à contribution
Les musiques noires
Peut-on parler de musiques noires ? (Mais peut-on ne pas en parler…)

Date limite de soumission début novembre
Séminaire ADES/CEAN avec le concours de la revue Volume  !
le 13 avril 2010
Maison des Suds
Pessac (Gironde)
Organisation : Yves Raibaud et Emmanuel Parent

« Cet Appel à com­mu­ni­ca­tion fait suite à la publi­ca­tion en 2008 par la revue Volume ! d’une « let­tre ouverte sur les musi­ques ‘noi­res’, ‘afro-amé­ri­cai­nes’ et ‘euro­péen­nes’ » du musi­co­lo­gue Philip Tagg.
Quelle est donc cette musi­que qui serait liée à la cou­leur de la peau ? Est-ce seu­le­ment une façon de dési­gner la musi­que des Afro-Américains ou est-ce une musi­que mon­diale ? Une musi­que de « dia­spora », résul­tat d’un métis­sage dont on pour­rait retrou­ver la part des ori­gi­nes afri­cai­nes ?
Les carac­té­ris­ti­ques qui lui sont géné­ra­le­ment attri­buées sont-elles ses qua­li­tés pro­pres ou résul­tent-elles du rap­port de l’Occident au monde noir, avec son cor­tège de fan­tas­mes, de com­plexe de supé­rio­rité et de culpa­bi­lité ? Est-ce un récit légen­daire dont les clés seraient à trou­ver dans les « rap­ports sociaux de race » ?
Le but de ce sémi­naire sera de répon­dre à ces ques­tions à par­tir de la let­tre de Philippe Tagg et dans une appro­che inter­dis­ci­pli­naire (musi­co­lo­gi­que, anthro­po­lo­gi­que, his­to­rienne, géo­gra­phi­que…).

Premièrement on pourra se deman­der si une vision essen­tia­liste de la dif­fé­rence des races (plus ou moins blan­ches, plus ou moins noi­res) et la croyance dans la com­plé­men­ta­rité « natu­relle » des rôles sociaux de race ont par­ti­cipé et par­ti­ci­pent encore à façon­ner la pro­duc­tion de la musi­que noire et la per­cep­tion qu’en a le public. En pro­lon­geant cette ques­tion, on se deman­dera également si la per­cep­tion fan­tas­mée d’une authen­ti­cité noire exo­ti­que n’a pas pour corol­laire la vision d’une inau­then­ti­cité blan­che domes­ti­que toute aussi cons­truite, et si cette oppo­si­tion ne sert pas de modèle impli­cite pour pen­ser les musi­ques actuel­les et les musi­ques du monde, aujourd’hui en France.

Deuxièmement : le fait que les rela­tions socia­les entre races puis­sent être appré­hen­dées comme des rap­ports de pou­voir conduit à ques­tion­ner les cultu­res qui font réfé­rence à la cou­leur de la peau comme des cons­truits sociaux por­teurs de mes­sa­ges expli­ci­tes et impli­ci­tes. Ces cultu­res ont-elles pour consé­quence de repro­duire les struc­tu­res de domi­na­tion ? Mettent-elles au contraire en valeur les cultu­res alter­na­ti­ves où se dis­cu­tent les nor­mes ? Y a-t-il une valeur posi­tive dans la per­for­ma­ti­vité de la race lorsqu’elle est mobi­li­sée par les grou­pes mino­ri­tai­res ? Quel est le rôle des artis­tes et de la créa­tion artis­ti­que dans ces pro­ces­sus ?

Bien que l’appel à com­mu­ni­ca­tion concerne tou­tes les appro­ches des musi­ques noi­res, une atten­tion par­ti­cu­lière sera por­tée aux tex­tes qui trai­tent de la musi­que noire en France, pays où une cer­taine concep­tion uni­ver­sa­liste des droits de l’Homme et du citoyen a pu frei­ner pen­dant un cer­tain temps le déve­lop­pe­ment des « études noi­res » (Pap Ndiaye, 2008).

Comité scien­ti­fi­que : Christine Chivallon (CEAN, IEP Bordeaux), Denis Constant-Martin (CEAN, IEP Bordeaux), Gérôme Guibert (Cim, uni­ver­sité de Paris 3), Claire Guiu (IGARUN, uni­ver­sité de Nantes), Pap Ndiaye (CENA, EHESS), Emmanuel Parent (LAHIC, EHESS), Yves Raibaud (ADES, uni­ver­sité de Bordeaux)

Proposition de com­mu­ni­ca­tion (2 000 carac­tè­res) à envoyer à Emmanuel Parent (EHESS) et Yves Raibaud (ADES-CNRS) avant le 1er novem­bre 2009 (arti­cle 30 000 carac­tè­res avant le 1er mars 2010). »