Chronique

Phonem (Maïlys Maronne)

Animus Volandi

Maïlys Maronne (p), Reno Silva Couto (as), Philippe Burneau (b), Tilo Bertholo (dms) + Magic Malik (fl), Vincent Segal (cello)

Label / Distribution : Onze heures onze

Maïlys Maronne a fait ses classes à Toulouse, puis c’est à Paris qu’elle se rend en 2014 afin d’élargir ses horizons musicaux. La rencontre avec Magic Malik est déterminante et les collaborations se multiplient : on la retrouve notamment au sein du Magic Malik Fanfare XP, de Plateforme XP Afrobeat, ou encore du duo Bokeh.

Après de nombreuses collaborations au sein de projets collectifs, la pianiste crée Phonem, un projet plus personnel, dans lequel elle instille sa conception mouvante de la composition. Elle s’entoure de Reno Silva Couto au saxophone, Philippe Burneau à la basse et Tilo Bertholo à la batterie. Né en 2016, le projet s’ouvre très vite à des rencontres plus éphémères et des musiciens y sont régulièrement invités. Ce premier album marque donc à la fois le début d’une carrière prometteuse et l’accomplissement de plusieurs années de collaborations, d’échanges et d’apprentissages. Magic Malik et Vincent Segal, qui ont vu naître le projet et l’ont immédiatement soutenu et encouragé, sont tout naturellement invités sur deux titres de l’album.

Animus Volandi est un instantané. Celui d’une musique vivante, qui se renouvelle à chaque interprétation. L’idée de la compositrice est qu’un morceau puisse prendre une direction toujours nouvelle, selon les initiatives de chacun. L’écriture est le prétexte à plus de liberté, par l’improvisation et l’interaction qu’elle permet. Les influences sont larges : on retrouve l’idée de polyrythmie chère à Steve Coleman et Magic Malik, mais aussi la musique contemporaine, répétitive, qui vient parfaire l’ensemble et le rend davantage insaisissable. Les intentions diffèrent et se rejoignent, et créent la richesse de cette musique du hasard, comme dirait Paul Auster. Un disque sensible et solide, qui a beaucoup à offrir.