Pieranunzi, Ceccarelli, Imbert

Un trio qui réunit Enrico Pieranunzi, André Ceccarelli et Diego Imbert ne devrait pas nous laisser impassible. Qu’il soit en outre consacré à un voyage avec Claude Debussy devrait nous faire saliver encore plus et, à l’image de ce que nous pouvons en attendre, on n’est pas déçu par ce disque. En effet, ce que ces trois musiciens nous proposent est tout simplement exquis et le traitement jazz – car il s’agit bien de ça – qu’il font subir à la musique de Debussy est convaincant.

Ce voyage – le terme est revendiqué haut et fort – est une visite très libre de la musique de Claude Debussy, ainsi qu’en témoignent les titres des morceaux et les précisions qui les accompagnent. A titre d’exemple, on citera « Bluemantique (d’après Valse Romantique de Claude Debussy) » qui ouvre l’album. On est avec ce morceau clairement dans un registre jazz et on aurait de prime abord quelque difficulté à reconnaître l’original. De la même manière, sans indications, bien malin qui retrouverait dans « Passepied nouveau » ou « L’autre ballade » le « Passepied » ou la « Ballade » du compositeur de la « Suite bergamasque ».

Bref, si référence il y a – et bien entendu elle y est – c’est dans une libre inspiration qu’il faut aller chercher l’essence de ce Monsieur Claude et c’est autant Debussy qu’un trio piano-basse-batterie (augmenté du saxophone de David El Malek et de la voix de Simona Severini) qu’il faut savourer. Monsieur Claude est donc loin d’être un album réservé aux mélomanes puisant dans la musique du début XXe. On peut même gager que le chant de Simona Severini embarquera les auditeurs à des hauteurs stratosphériques. On mentionnera particulièrement « L’Adieu » qui clôt l’album. Elle chante ce poème d’Apollinaire avec une grâce toute éthérée tandis qu’Enrico Pieranunzi est au piano.