Chronique

Pierre Alain Goualch

Exploring the Music of Serge Gainsbourg

Pierre Alain Goualch (p), Rémi Vignolo (cb), André Ceccarelli (d).

Label / Distribution : Night Bird Music

Il y a sept ans, Pierre Alain Goualch remportait le 1er prix de la compétition internationale de piano jazz de Toulon, alors présidée par Kenny Barron, Tommy Flanagan et Danilo Perez. Aujourd’hui le jeune homme approche gentiment la trentaine et effectue pour son troisième album en leader un authentique coup de maître.

Après la dernière tentative en date du trompettiste et critique Etienne Brunet, Pierre Alain Goualch explore à son tour de manière systématique le répertoire chansonnier légué par Gainsbourg. La découverte fut telle qu’il confiait clairement : « Il y aura maintenant des chansons françaises dans tous mes disques ». Pourquoi ? En raison peut-être de ce qu’il y a de profondément direct dans son approche de la mélodie, dans cette manière qu’il a de jouer au plus près du texte, sans toucher aux fondations, tout en faisant jaillir en douceur l’autre visage de la mélodie, par changements de tempos ou grâce à une mise en place rythmiquement décalée, si bien que la reprise prend curieusement bien vite le pas sur la version originale ! Lorsque la libre interprétation efface tout en laissant deviner l’originale, il y a de quoi s’interroger. Le jeu est tout en clarté, chaque syllabe du phrasé se détache sur un fond harmonique mouvant - secret -, l’improvisation rentre sans effets au fond des morceaux et on a même droit à quelques magnifiques chorus plantés là, comme en plein vent. A preuve, de vieux chromos comme « Harley Davidson » font irruption sur le disque, littéralement nettoyés et comme enveloppés dans un velours d’élégance… Ce gars-là reprendrait « La Marseillaise » qu’on la ferait aussitôt écouter à ses enfants ! Alors maîtrise, expressivité, évidence bien sûr, un son rond et chaud qui fait merveille sur « Couleur café », des arrangements séduisants sans être séducteurs : la musicalité est présente, éblouissante. On s’arrête là, car le mieux est vraiment d’aller y jeter une oreille. On l’aura compris, cet opus est à prendre et à ne pas laisser passer.

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