Chronique

Possible(s) Quartet

Songs from Bowie

Rémi Gaudillat (tp, bugle), Fred Roudet (tp, bugle), Loïc Bachevillier (tb), Laurent Vichard (bcl)

Label / Distribution : Inouïe Distribution

A l’initiative du Rhino Jazz(s) Festival, le Possible(s) Quartet avait présenté à l’automne 2017 un hommage autour de la figure de David Bowie. Ce répertoire est aujourd’hui réuni dans ce disque. Ces musiciens de la scène lyonnaise forment un quatuor de cuivres à l’instrumentation rare (trompette, bugle, trombone, clarinette basse) et aux préoccupations poétiques et oniriques. D’autres formations ont déjà rendu des hommages à des icônes pop avec une instrumentation aussi atypique. Le Concert Impromptu (Quintet à vent) avait réussi à sublimer le travail sur le timbre et la précision rythmique de la musique de Frank Zappa. Journal Intime (trio de cuivres) avait su faire jaillir la fée électricité de leurs relectures du répertoire de Jimi Hendrix.

Sur les dix reprises du présent disque, on trouve certes des tubes incontournables de la décennie 1970-1980 (“Space Oddity”, “Heroes”, “Life On Mars”, “Ashes To Ashes”) mais aussi des morceaux moins connus des années suivantes. Ainsi, les thèmes ne se reconnaissent pas si facilement à la première écoute. Ils s’intègrent discrètement, naturellement dans la structure des morceaux, sans porter ombrage aux improvisations des musiciens.

C’est surtout le David Bowie chanteur qui est servi par cet hommage. La douceur du timbre de sa voix et son phrasé sont ici mis en valeur par le choix des instruments et le son feutré du quatuor. La musique colle superbement à l’image de dandy et de Lord très souvent accolée au musicien. Le quartet privilégie tout au long du disque la douceur et la délicatesse dans le choix de ses orchestrations et dans ses relectures. Il ralentit le tempo de certains thèmes afin que le temps s’étire et que la musique devienne solennelle. Les morceaux s’organisent ainsi souvent autour d’un chant principal, d’échos et de contrepoints où les voix s’entrelacent à la manière d’une fugue ou d’un canon. Les musiciens intègrent également brillamment la dimension rythmique des morceaux originaux emprunts d’électro ou de techno (ostinato, répétions de courts motifs). Et bien sûr, cet hommage regorge de digressions, de lâcher-prise et d’ornementations, ancrant définitivement ce disque dans le registre des musiques improvisées.