Post Image est un groupe discret qui mérite bien plus que le succès d’estime et le respect poli dont il a bénéficié à compter de sa création en 1987. Ses fondateurs Danny Marcombe et Didier Lamarque œuvrent depuis plus de 25 ans à la réussite d’une aventure artistique héritière des défricheurs de ce qu’on appelle le jazz rock. Au premier rangs desquels des formations telles que Weather Report ou Return To Forever, elles-mêmes nées dans les brumes électriques du Miles Davis début Seventies et restées vivaces jusqu’au milieu des années 80 (l’album Tutu faisant alors figure de point de repère pour les années à venir). En France, une poignée de groupes, comme Sixun ou Ultramarine, se sont lancés dans une expérience voisine et semblent avoir joui d’une plus grande exposition, pour des raisons pas simples à expliquer, à supposer qu’elles puissent l’être.
Cette compilation sobrement intitulée 87/2012 est l’occasion de remettre les pendules à l’heure et de saluer ces belles années vécues par Post Image sous la forme d’un condensé qu’on pourra considérer comme une salutaire carte de visite.
Aux côtés du bassiste et du batteur, deux musiciens sont présents depuis les origines : Patricio Lameira et Freddy Buzon. D’autres ont fait leur entrée dans ce cercle au contour amical, tandis que le groupe ouvrait de temps à autre sa porte à des invités de renom, parce qu’il en va ainsi chez ces Bordelais : pas question de compétition ni de jalousie, juste la volonté de servir au mieux la cause d’une musique qui ne doit pas se replier sur elle-même. Une musique inventive et curieuse du monde, sachant brasser les influences multiples que ses créateurs captent au jour le jour. Et quand les amis s’appellent Alain Debiossat (membre de Sixun), Pierre Blanchard ou John Greaves, il faudrait être bien bête pour se priver de leur talent, ne serait-ce que le temps d’une petite visite.
Huit albums [i] en un quart de siècle : c’est peu, quand on y songe, et qu’on sait que Post Image en a publié deux pour la seule année 2012 (on pourra en lire ici la chronique). Un parcours caractérisé par une diversification en douceur de ses couleurs qui l’a mené au fil des ans vers des contrées plus world music, voire électro, mais toujours en cohérence avec son ambition originelle, la recherche de climats raffinés, sans jamais verser dans la froideur techniciste ni les effets de mode, mais en privilégiant au contraire la liberté et le lyrisme. Un univers qui, l’écoute panoramique de 87/2012 le montre, a su mêler avec élégance la pulsation des années 90 à la tendance onirique et feutrée des dernières productions - In A English Garden, avec John Greaves, en est une parfaite illustration.
Deux petites heures de musique pour un double CD, dix-neuf morceaux choisis méticuleusement et proposés dans un ordre qui n’appartient qu’aux musiciens, 87/2012 est un voyage initiatique qui vous incite à en entreprendre d’autres en compagnie de Post Image.