Chronique

Prospectus

I, II

Henri Peyrous (ss, ts), Léa Ciechelski (as, fl), Forentin Hay (dms), Julien Ducoin (cb)

Label / Distribution : Autoproduction

Pensé collectivement, ce quartet se place, de manière incontestablement réussie, dans le prolongement de l’esthétique de Steve Lacy. Deux saxophones (ou flûte), celui de Henri Peyrous et celui de Léa Ciechelski, retrouvent les couleurs et la liberté que ce musicien américain, longtemps installé en France, et initiateur à sa manière d’un jazz résolument moderne, avait développées. A partir de compositions personnelles des quatre membres et d’une réinterprétation d’une pièce de Tony Malaby (autre musicien atypique du continent américain), le quartet installe un climat hors des sentiers battus.

Sur une base rythmique d’une solidité tonique drivée par Florentin Hay et Julien Ducoin et qui ne cherche pas à imposer sa puissance mais plutôt à serpenter comme un félin à l’affût des moindres inflexions du groupe, les soufflants travaillent un son droit qui s’installe dans l’instant sans choisir de direction unique. À l’auditeur de suivre les méandres qu’ils déroulent avec le charme des musiques envoûtantes.

D’abord, bien sûr, parce qu’on entend planer au-dessus de cette jeune génération les mânes tutélaires de Steve Lacy (donc) mais aussi de Steve Potts, Jean-Jacques Avenel ou John Betsch, mais également parce que ce que ces jeunes gens donnent à entendre n’est en rien une redite. Leur capacité à croiser les discours et déployer des imaginaires musicaux personnels fonctionne. S’appuyant sur des virtuosités languides, des superpositions de souffles tressés l’un sur l’autre, ils poussent des phrases souples au bout de leur logique et maintiennent le long de ces deux brefs disques des climats égaux gorgés d’un swing intelligent où les personnalités se distinguent clairement en œuvrant au bénéfice d’un collectif équilibré.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 6 mars 2022
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