Quintans - López

Dans le prolongement du duo qu’il constitue avec le saxophoniste Matthieu Donarier (Sun Dome chez Clean Feed), le guitariste électrique Santiago Quintans confirme son intérêt pour les configurations duales. Au côté de son compatriote espagnol Ramón López, également résident français depuis de nombreuses années, il propose une succession de plages sonores totalement improvisées qui font le choix de la forme brève.

A partir d’un matériau de départ qu’on imagine plus copieux mais dans lequel les deux interprètes ont su sélectionner les meilleures pièces, Espada Como Labios fait la part belle à une musique libre et rêveuse qui flatte les talents picturaux de la batterie et de la guitare. Cette dernière joue des boucles qu’elle superpose avec une intelligence fine peu entendue ailleurs. Plutôt que de s’enfermer, en effet, dans des cycles étroits et artificiels, l’accumulation de larges strates décalées et fragiles permet d’ouvrir plus grand encore les possibilités expressives de ce fonctionnement.

Ambiance étrange, atmosphère vaporeuse aux lignes pourtant claires, Santiago Quintans privilégie la discrétion sans jamais chercher la surenchère. Less is more en quelque sorte, ou plutôt menos es más, pour rester dans la langue de Cervantes. Ce qui ne l’empêche pas, d’ailleurs, de prendre en charge l’intégralité des parties : les basses grasses ou qui claquent sont ponctuées d’accords brisés et de nappes éthérées dans les parties hautes.

De son côté, le batteur joue des mêmes intentions, griffant l’espace sonore par des cliquetis de cymbales ou de profonds coups de grosse caisse. Tout en maintenant une forme d’indépendance, il choisit de suivre, de près ou de loin, les énoncés du guitariste pour faire œuvre commune. Car le duo, avec l’ouverture d’esprit qu’induit ce type d’esthétique, travaille une forme de musicalité dans laquelle l’harmonie passe par le respect des propositions de chacun mais trouve sa finalité dans l’attention portée à l’ensemble.