Scènes

Rīgas Ritmi sous un soleil méditerranéen

Le festival letton Rīgas Ritmi a vécu, du 29 juin au 2 juillet 2022, des températures méditerranéennes qui flirtaient souvent avec les 30°.


Jour et nuit la capitale lettonne soutient l’Ukraine : bâtiments publics, rues et commerces sont illuminés aux couleurs du drapeau ukrainien.
Nous ne pouvons oublier toutes ces atrocités mais parlons ici du très chaleureux accueil de l’équipe organisatrice et des belles musiques offertes.
Les concerts et autres manifestations sont répartis sur plusieurs sites de la ville.

Juste en face de l’Ambassade de Russie

Les premières notes du festival Rīgas Ritmi au NOASS/Jersika Stage sont venues du clavecin et de l’épinette d’Ieva Saliete : musique répétitive à souhait, charmantes improvisations minimalistes.
Pour être à 20h dans le parc de la cathédrale protestante de Riga, nous avons dû nous priver de la fin des concerts donnés au bord du canal.
Cathédrale protestante ? En fait, le somptueux édifice était à l’origine occupé par la communauté catholique, si j’en juge par le cloître entourant le parc accueillant le public.

Modern Standard Supergroup

Cette soirée commence par la musique du Modern Standard Supergroup. Ce quintet bien rodé nous a offert un beau concert, mais sans surprise. Une excellente mise en bouche pour réveiller de beaux souvenirs et charmer un public déjà conquis. Baguettes en mains, Billy Cobham ne fait pas ses 78 ans, Randy Brecker distille son élégant phrasé, Bill Evans nous rappelle sa fougue d’antan. Autodidacte, le bassiste mauricien Linley Marthe accompagne le groupe de toute sa virtuosité et de son sens du rythme. En plus de sa complicité avec Bill Evans, Nils Lan Doky retrouve pour ce concert Randy Brecker avec lequel il a tourné son second long métrage « Jazz Dreaming With Open Eyes » au Danemark en 2008.

Paula Saija, Very Cool People

La deuxième partie de soirée est animée par le groupe letton de Riga Very Cool People qui s’est adjoint les services de la chanteuse Paula Saija. Celle-ci enflamme un public qui se retient toutefois de danser ; dommage ! cette musique est faite pour cela. Cette formation dispose aussi d’un remarquable groupe de « soufflants » : saxophone ténor, baryton, trompette et trombone. Leur prestation a retenu l’attention d’un bluesman américain : ils seront sur scène avec lui demain soir. Tous les musiciens et choristes forment un orchestre homogène entièrement au service de sa chanteuse à la présence remarquable sur scène.

Le mois de juillet a commencé au studio de « Latvijas Radio 1 » par un workshop tout brésilien animé par la chanteuse du groupe Ayom : Jabu Morales . Certains ont dansé, d’autres ont photographié…
A 19 heues, Atis Andersons Organ Trio ouvre la soirée au bord du canal ; leur musique fait voyager autour de Jimmy Smith et de Mark Whitfield… seul le batteur se révèle un peu plus violent dans sa prestation. Il faut oublier ses références lorsqu’on assiste à un nouveau concert.

Clark Beckham

A 20 heures, dans les jardins de la cathédrale, Clark Beckham, jeune trentenaire né à Nashville Tennessee, nous fait découvrir un vrai bluesman. Très bien entouré, il a su s’adjoindre le soutien des trois soufflants lettons de Very Cool People, découverts sur scène la veille. Il possède un répertoire vocal et instrumental très complet. Avec la reprise du tube de James Brown : « It’s a Man’s Man’s Man’s World » le public est conquis et rajeunit de quelques décennies. Cet homme est un meneur de foule : très beau concert.

Ayom, Jabu Morales

Le deuxième concert du groupe Ayom nous fait changer d’hémisphère par un atterrissage réussi au Nordeste brésilien. La sémillante chanteuse Jabu Morales , étincelante et endiablée, n’a pas non plus réussi à faire danser le public. L’accordéoniste italien Alberto Becucci a joint son talent et sa ferveur pour accompagner la vocaliste. Le guitariste d’origine angolaise Ricardo Quinteria nous a offert des riffs envolés et percutants. Le public est enchanté mais ne danse toujours pas…

La salle de réception de l’hôtel Radisson Blu où a lieu la dernière soirée du 2 juillet n’est pas la bonne salle pour un concert. Nombre de spectateurs présents souhaitaient une soirée festive plus qu’un concert de jazz. Il semble même que les musiciens recroquevillés sur la scène au fond de la salle avaient du mal à s’entendre jouer. Le guitariste Filippo Leraci associé à l’AG trio nous a néanmoins offert un beau final de jazz intimiste.