Scènes

Rhino Jazz Festival 2014, retour aux sources

Le « Rhino » joue plus que jamais la carte des nouveaux talents - mêlés à quelques têtes d’affiche.


A l’heure où l’on apprend par décision du conseil municipal la mort d’un festival en Rhône-Alpes, Jazz à Francheville (« trop cher, pas assez de Franchevillois », selon les élus) le « Rhino » semble, lui, inoxydable. Né dans la vallée du Gier, le festival ligérien (qui s’étend jusqu’aux départements voisins) s’offre cette année (du 2 au 19 octobre) une sorte de retour aux sources, car l’habitude de programmer des artistes émergents date de ses origines.

Quand elle était encore une parfaite inconnue, la chanteuse coréenne Youn Sun Nah s’est ainsi produite devant quelques centaines de personnes dans l’église de Pavezin, dans le massif du Pilat, ou dans celle de Villars, dans la Loire. Plus loin dans le passé, Michel Petrucciani lui-même s’est produit au Rhino avant de brûler les planches.

Contrairement à son grand voisin viennois, le Rhino ne se tient pas sur un site unique, mais assume au contraire sa volonté d’éclatement. Cela signifie qu’il va falloir que bénévoles et intermittents installent des scènes dans pas moins de vingt-cinq communes de la Loire, du Rhône et de l’Isère, selon une logistique désormais bien rodée.

Toujours à la barre : Jean-Paul Chazalon, le créateur du festival, son fils Ludovic assurant depuis plusieurs années la programmation. C’est lui qui, en 2014, a voulu accentuer encore ce penchant pour les jeunes pousses du jazz. Mais il y aura bien sûr quelques stars à l’affiche : Gilberto Gil (le 6/10 à l’Auditorium de Lyon), Sandra Nkake (le 15/10 à l’Opsis de Roche-la-Molière) ou le génial percussionniste indien Trilok Gurtu (15/10 au NEC de Saint-Priest-en-Jarez).

Du côté des nombreux impétrants, on s’intéressera notamment à la Franco-Brésilienne Agathe, qui a trouvé sa voie - et sa voix - lors d’une master-class animée par Sheila Jordan et pourrait bien figurer un jour parmi les grandes du jazz vocal féminin, dont les rangs sont pourtant bien fournis. Elle se produira le 18/10 à l’Escale de Veauche (20h30) en compagnie de Laurent Coulondre au piano, Jérémy Bruyère à la contrebasse et Pierre-Alain Tocanier à la batterie. Fille d’une styliste française et du bassiste compositeur Ruben Santana, elle alterne compositions originales et standards tirés de Gershwin, Parker ou Ray Charles.

On aura aussi à l’œil les deux « Impériaux », Impérial Orphéon (2/10 au Prieuré à Saint-Just-Saint-Rambert) et Impérial Pulsar (4/10 à la Valla-en-Gier) qui, à l’instar des saxophonistes Damien Sabatier et Gérald Chevillon ou du batteur Antonin Leymarie, ont en commun une pulsation bien affirmée. Le premier est une sorte d’orchestre de bal moderne où s’entremêlent choros brésiliens, transes gnawa ou thèmes bulgares ; au second se superposent deux musiciens mandingues : Ibrahim Brama Diabaté et Ali Diarra.

Deux autres concerts parmi bien d’autres seront particulièrement attendus, celui de Lisa Simone, la fille de… Nina, bien sûr, décédée en 2003 en Provence à l’âge de 70 ans. Elle sera sur scène le 17/10 à la salle Aristide Briand de Saint-Chamond pour la sortie de son premier disque sous son nom All is Well. Cette chanteuse a connu un parcours atypique puisque, toute jeune, elle s’est engagée dans l’US Air Force et a passé onze ans sur une base militaire de Francfort. Mais le gène de la musique a été le plus fort.

Un autre nom sonnera de manière familière : Chris Jarrett. Oui le talentueux, mais caractériel Keith a bien un frère, pianiste lui aussi, et qui essaie d’exister à l’ombre de la diva. Accompagné par le brillant violoniste italien Luca Ciarla, il jouera une musique totalement différente de celle de son aîné (le 3/10 dans les studios de la chaîne de TV locale TL7 à Saint-Genest-Lerpt).

Le Rhino 2014 promet donc une solide vendange de surprises. Il faudra attendre le dernier concert, le 19, pour savoir si oui ou non le millésime est aussi bon que sa programmation le laisse supposer.

• du 2 au 19 octobre 2014. Billetterie au 04 77 19 59 16 ou en ligne.