
Ronny Graupe’s Szelest
Newfoundland Tristesse
Ronny Graupe (g), Lucia Cadotsch (voc), Kit Downes (p, Fender Rhodes)
Label / Distribution : BMC Records
Dans le domaine de la psychanalyse, Sigmund Freud avait théorisé le concept selon lequel le rêve est la voie déterminante qui mène à l’inconscient. Newfoundland Tristesse s’engage dans des contrées où l’abstraction est reine, sous la direction de Ronny Graupe. Cet artiste est né en 1979 à Karl Marx-Stadt en ex-Allemagne de l’Est, où des guitaristes hors du commun l’on influencé, Helmut « Joe » Sachse et Uwe Kropinski en particulier. Le leader de ce trio est rapidement devenu une référence de l’avant-garde à Berlin, prenant part au trio dénommé Hyperactive Kid en compagnie de Philipp Gropper et Christian Lillinger.
La collaboration entre Ronny Graupe et Lucia Cadotsch ne date pas d’hier : les deux animaient la formation Yellow Bird. De son côté, la chanteuse a récemment enregistré en compagnie de Kit Downes le merveilleux Aki. Raison de plus pour qu’ils forment cet éminent trio basé sur l’introspection et le minimalisme. Leur tour de force commun a consisté à faire évoluer la tradition sur la voie de la liberté. « Some Other Time » (Bernstein, Comden, Green) plonge dans les profondeurs de l’âme. Le chant de Lucia Cadotsch s’y révèle déterminant et il répand savamment des ponctuations inhabituelles. La version américaine d’« Once Upon a Summertime » (Legrand, Mercer) est bercée par le frémissement de la voix soutenue par les entrecroisements de la guitare et du piano. Du pur bonheur.
« Szelest » se dévoile avec une franche spontanéité, le trio atteint ici un parfait équilibre, avec des séquences instrumentales quelquefois atonales mais sans que l’aspect mélodique soit occulté. Newfoundland Tristesse chemine là où des désirs inavouables se transforment afin que la conscience les juge acceptables. Seul bémol, le graphisme kitschissime de la pochette du disque qui rappelle les illustrations souvent affligeantes des albums du rock progressif italien.