Chronique

Russ Lossing

Proximity Alert

Russ Lossing (p), Mark Helias (b), Eric McPherson (d)

Label / Distribution : Blaser Music

Un an après un enregistrement solo justement remarqué dans nos colonnes, Russ Lossing revient avec un nouveau trio. Également signé sur Songs, le label de Samuel Blaser, l’Américain s’entoure de personnalités qui lui permettent de porter ailleurs sa pratique pianistique tout en restant dans le prolongement de deux de ses trios fondateurs, ceux au côté de Ed Schuller et Paul Motian ou encore de Masa Kamaguchi et Billy Mintz.

Si le jeu de Lossing reste toujours à la fois tonique et solidement architecturé, c’est parfaitement installé sur ces assises et porté par une technique maîtrisée qu’il peut s’aventurer dans des pièces anguleuses avec un enthousiasme jamais démenti. Soutenu par la basse épaisse de Mark Helias qui se plie facilement à cet univers – et pour cause, elle y est à son aise - en fermant les angles ouverts par le pianiste, le trio profite d’un supplément de fluidité avec la batterie de Eric McPherson. Au premier abord d’une approche plus conventionnelle que celles de Motian ou Mintz, il joue en fond de court avec une gestuelle sur les fûts qui arrondit les propositions de ses partenaires.

De ces trois personnalités se dégage ainsi un naturel qui contraste avec leurs compositions alambiquées. Avec un sens du rebond et de la circulation des intentions, les trois s’élancent dans des structures tortueuses qu’ils investissent avec gourmandise, n’hésitant pas, preuve de leur décontraction, à s’engager dans des passages au swing roboratif. On entend là un amour jamais démenti pour cette musique malgré une longue pratique. A l’autre bout de ce large panel, des pièces plus introspectives, délicates dans leur interprétation, sont l’expression d’une envie de ne pas chercher la virtuosité systématique mais plutôt, tout simplement, de faire musique en partageant des émotions variées toujours authentiques.