Salvoandrea Lucifora Quartet

On sait la ville d’Amsterdam - et son Conservatoire - être une cité très cosmopolite dans laquelle une forte communauté jazz s’est développée tout au long de son histoire. De nombreux musiciens venant d’à peu près partout s’y croisent, s’y rencontrent et y fomentent quantité de projets tous plus passionnants les uns que les autres, faisant de la capitale batave (et plus généralement des Pays-Bas) une des places fortes du jazz en Europe.

Drifters en est encore une belle preuve. Il est l’œuvre d’un jeune quartet dirigé par le tromboniste Salvoandrea Lucifora, né en Sicile en 1990. Il est accompagné par la pianiste polonaise Marta Warelis, le contrebassiste israélien Omer Govreen et le batteur d’origine argentine Marcos Baggiani. Cette rencontre improvisée a été enregistrée en 2022.

L’album se divise en deux très longues suites (« Mediterranean Suite » et « Zanzibari Suite ») qui se développent au gré de fréquents changements de rythmes, découpant ainsi la suite en plusieurs parties distinctes. Rien de brusque pour autant, la musique prend le temps ; elle coule en douceur au fil des arpèges mordorés de Warelis ou du trombone cristallin du leader. Plusieurs crescendos/decrescendos viennent pimenter le tout, apportant variations de timbres et nuances à l’improvisation. La paire Govreen/Baggiani est constamment à l’écoute, multipliant les propositions et laissant beaucoup d’espace au duo Warelis/Lucifora. Drifters est un très bel album, profond, sensible et généreux qui appelle une suite.