Sam Castendet
Et son Orchestre Antillais. Intégrale 1951-54
Sam Castendet (cl, voc, dm) et orchestre
Label / Distribution : Aztec Musique
La musique fut très vite le point de mire de Sam Castendet, né en 1906. Bien avant de s’intéresser à l’orchestration, il savoure les musiques de sa ville natale de Sainte-Marie en Martinique et il entend le grand clarinettiste Alexandre Stellio accompagner les films muets au Cinéma Gaumont de Fort-de-France. La révélation se produit : dorénavant sa vie sera dédiée à la clarinette, qu’il travaille adolescent avec acharnement.
Après un succès mérité au sein de petits groupes d’amis, Sam Castendet quitte son île natale afin de rejoindre Paris en 1924 pour y travailler comme mécanicien tourneur. La chance arrive lors de l’exposition coloniale internationale de 1931 où il est invité à se produire au pavillon de la Guadeloupe. Très vite il crée son Orchestre Antillais tout en se produisant dans le cabaret la Boule Blanche. Parallèlement le jazz commence à se faire connaître, les mélanges d’effluves afro-américains, juifs ou siciliens donnant naissance à ce genre musical qui ne cesse d’avancer avec une inventivité prodigieuse. La biguine n’est pas en reste et les musiciens américains la considèrent alors comme l’une des racines du Jazz à la Nouvelle Orléans. L’engouement pour ce genre musical est à l’apogée, d’ailleurs Cole Porter n’hésitera pas à intituler un de ses titres jazzistiques « Begin The Biguine ». Cette promiscuité entre des musiques toutes en pleine effervescence convient bien à Sam Castendet qui, avec son Orchestre Antillais, écume les salles parisiennes en mêlant ses rythmes chaloupés au jazz avec un talent considérable. Après la seconde guerre mondiale, Sam Castendet fait une tournée en Afrique centrale, bénéficiant d’une popularité prodigieuse. Les disques soixante-dix-huit tours témoignent de son inventivité et cet enregistrement nous fait découvrir la dernière époque de ce musicien doué, ce sont les dix-neuf dernières faces enregistrées pour Columbia à Paris de son orchestre. En plus d’assumer la composition, Sam Castendet chante non sans humour, joue de la clarinette avec ce son créole qu’il hérite de Stellio et ne néglige pas la batterie. « Marie des Iles », « Doudou Moin » sont autant de biguines tendres et enjouées à la fois, ce qui n’est pas le moindre des heureux paradoxes. L’association clarinette et trombone donne une couleur particulièrement réussie avec les contrechants de Pierre Rassin. Quant à la guitare électrique, elle fait une apparition avec Vincent Ricler qui inscrit un solo dans « Sainte-Luce », témoignant d’un élément précurseur pour l’époque.
Les mélodies intimement liées aux creusets rythmiques jouées par cet Orchestre Antillais méritent notre attention, les thèmes inscrits dans la culture populaire martiniquaise ont un pouvoir évocateur qu’un génial Sam Castendet disparu en 1993 a su transcender avec bonheur.