Qu’y a-t-il de plus proche de la musique que la poésie ? Celle-ci peut se dissimuler dans des recoins insoupçonnés. De même, pour décrire un tableau on utilise souvent quelque métaphore musicale sur l’harmonie des couleurs. Il faut croire que les catégories où l’on pense ranger, classer, nommer les choses une fois pour toutes ne sont pas si fermées, si univoques, si… catégoriques que cela. C’est ainsi qu’avec Jazz Poets Serge Casero a su allier ses propres textes mais aussi ceux de Verlaine aux musiques de Monk, Duke, Cole Porter ou Horace Silver. Voire à l’inusable « When The Saints… » L’invention, l’imaginaire, l’improvisation sont au cœur du be-bop cher à ce saxophoniste. Elles sont aussi, à leur manière, au centre de ses écrits et de la poésie qui les habite.
Des musiciens particulièrement attentifs à leur propos (la vigilance sereine de l’excellent René Nan à la batterie) et des arrangements inventifs dus à Raphaël Lemonnier font de Jazz Poets une réussite à laquelle il convient prêter attention car il nous dit sur le jazz, avec beaucoup de pertinence, bien plus de choses qu’il n’y paraît : c’est du cœur le plus profond de cette musique qu’il nous parle en toute authenticité.