Chronique

Serge Forté Trio

La Bohème

Serge Forté (p), Marc-Michel Le Bévillon (b) et Karl Jannuska (d), avec Alain Chamfort (voc) et Raphaële Atlan (voc).

Label / Distribution : Ella productions

Serge Forté aime la chanson française et le fait savoir : après La vie en bleu en 2001, il passe à La Bohème

L’album s’articule autour de onze chansons séparées par six courts intermèdes au piano solo. Côté répertoire, Forté s’attaque à des saucissons de la chanson française : « Et maintenant », « C’est si bon », « L’île de Ré », ou encore « Nathalie » et, bien sûr, « La Bohème ».

Huit pièces sont interprétées en trio avec, à la contrebasse, l’éclectique Marc-Michel Le Bévillon et, à la batterie, Karl Jannuska, décidément présent sur tous les fronts. Alain Chamfort ajoute sa voix pour « Elisa », qui entame le disque, et Raphaële Atlan chante deux tubes d’Edith Piaf : « La vie en rose » et « L’hymne à l’amour ».

Les arrangements du pianiste collent aux thèmes et la musique balance sans complexe, portée par son swing ainsi qu’une paire rythmique qui pulse efficacement. Doté d’un son grave et profond, Le Bévillon varie les accompagnements avec des lignes souples, quelques passages en walking, des effets de slapping… Toujours attentif, Jannuska jongle, alterne roulements légers et cascades tintinnabulantes, le tout ponctué de « pêches » énergiques qui maintiennent la tension. Particulièrement à l’aise dans ce répertoire, Forté connaît les ficelles du métier : un bon groove, des changements de tempo habiles, des envolées dynamiques, des accords latinos à bon escient… Les intermèdes sont d’un tout autre genre. Les ostinatos, les aspects « mécaniques », l’emploi du registre médium grave et le jeu staccato rappellent Lennie Tristano.

L’« Elisa » de Chamfort paraît plus précieuse que l’originale, et sa voix claire est moins grave que celle de Gainsbourg. Quant à Atlan, sa voix détimbrée, nasale, légèrement grave et son léger vibrato la placent dans la lignée des Birkin et autres Adjani.

Il est souvent amusant de réécouter des chansons maintes fois jouées par les jazzmen. Et La Bohème s’écoute d’autant plus agréablement que les interprétations du trio sont enjouées et pleines de swing.

  1. « Elisa », Serge Gainsbourg & Michel Colombier (2’38).
  2. « C’est si bon », André Hornez & Henri Betti (4’20).
  3. « Résonances », Serge Forté (1’08).
  4. « La vie en rose », Edith Piaf & Louiguy (4’38).
  5. « Eau Calme », Serge Forté (1’41).
  6. « Et maintenant », Gilbert Bécaud (5’29).
  7. « L’envers du rag », Serge Forté (1’07).
  8. « Hôtel des insomnie », Jacques Duval & Alain Chamfort (4’45).
  9. « L’hymne à l’amour », Edith Piaf & Marguerite Monnot (5’45).
  10. « L’île de Ré », Claude Nougaro & Gérard Pontieux (3’57).
  11. « Ligne A », Serge Forté (0’43).
  12. « Nathalie », Pierre Delanoë & Gilbert Bécaud (8’10).
  13. « Sur 1 accord », Serge Forté (1’16).
  14. « La belle vie », Sacha Distel (6’12).
  15. « Ostinato », Serge Forté (3’37).
  16. « La Marseillaise », Rouget de Lisle / Serge Forté (3’49).
  17. « La Bohème », Charles Aznavour & Jacques Plante (6’43)