Portrait

Sous le ciel de NOUT

Le trio Nout, nouvellement créé, promet déjà de belles musiques


Finaliste de Jazz Migration #7, le trio NOUT est emmené par la flûtiste Delphine Joussein et comprend la harpiste Rafaëlle Rinaudo et la batteuse Blanche Lafuente. Pour en parler, Delphine Joussein répond à quelques questions.

Delphine Joussein © Lucien Alfonso

Quelques pistes seulement, à peine mixées, suffisent à attirer l’oreille. Oui, avec Nout, il se passe quelque chose d’intéressant.
L’alchimie flûte-harpe fonctionne sur certains répertoires, classique ou traditionnels. L’ajout de la batterie rend les choses plus singulières. L’électrification de la harpe et de la flûte donne à Nout une couleur déjà unique.
D’autre part, les trois musiciennes se connaissent d’avant, de longtemps ou de peu, mais entretiennent des rapports personnels qui facilitent grandement les échanges. Ainsi est né Nout.
Cette déesse égyptienne du ciel, connue pour ses représentations de femme nue à quatre pattes et formant une voûte étoilée est une des plus anciennes et des plus importantes. Chaque soir elle avale le soleil et lui redonne naissance au matin. (C’est pas vrai, en fait, la terre est ronde et tourne autour du soleil qui, lui, ne disparaît pas.)
C’est pourquoi, en plus de figurer le ciel, elle incarne la résurrection. C’est sur ce schéma de cycle sans cesse recommencé que la musique de Nout se base, minimaliste, électro-jazz et en boucles.

on s’en doutait, ce n’était pas du Debussy qu’on allait jouer ensemble !

La création du groupe s’est faite en 2020 : « Il y a environ un an, j’ai proposé à Rafaëlle Rinaudo de faire une petite session à deux, parce que - ma foi - c’est beau la flûte/harpe. Même si, on s’en doutait, ce n’était pas du Debussy qu’on allait jouer ensemble ! Puis on a proposé à Blanche Lafuente, avec qui je venais de faire quelques sessions et dont j’avais beaucoup aimé le jeu, de nous rejoindre pour muscler le tout ».
C’est donc Delphine Joussein qui monte le trio, mais "Rafaëlle et moi écrivons la musique. Globalement, les arrangements se font collectivement en répétition. Au-delà des mises en place, le principal travail c’est le son et l’énergie du groupe, la particularité de notre instrumentarium (flûte avec effets, harpe électrique, batterie) nous amène à redéfinir en permanence la place de chacune et à chercher l’équilibre dans le son.
Quand je pense un morceau, j’aime bien me raconter une histoire à un ou plusieurs scenarii, avec des rebondissements dans tous les sens. J’évoque un conte, un rêve, un cauchemar, une émotion, que je mets en mots d’abord, puis en intentions musicales.
C’est narratif, c’est progressif, bref il y a des sujets pour chaque morceau !

Je cherche avant tout à jouer de ma flûte comme je converse, ris, crie et pleure. Faut que ça vienne de loin, tout le temps. Pour reprendre les mots d’un copain, ma musique c’est un peu comme un long cri dans la nuit. Un cri d’alarme, de rage, mais aussi de plaisir, d’espoir…

Dans Nout, les morceaux de Rafaëlle sont construits différemment, on est sur des tournes, des motifs rythmiques qui se répètent, s’enchaînent et se déchaînent, une construction linéaire de la musique, un appel au dancing. Somme toute, nos univers sont complémentaires et s’imbriquent bien".

j’ai été biberonnée au swing et au Jazz New Orleans

Delphine Joussein est une flûtiste plutôt discrète qui a connu un parcours assez diversifié. Aujourd’hui, elle se consacre plus à la musique. en tant que flûtiste, ses influences sont variées : " En vrac Ian Anderson (Jethro Tull), Roland Kirk, Eric Dolphy, John Coltrane, Hubert Laws, et puis les Pink Floyd, Ella Fitzgerald, Aretha Franklin, James Brown, Art Blakey et les Jazz Messengers, Charles Mingus, et plein d’autres bien sûr.
Mon père est clarinettiste de swing, j’ai été biberonnée au swing et au Jazz New Orleans. J’adore ça, j’adore quand ça swingue, faut qu’ça swingue, qu’ça groove ou/et qu’il y ait un spirit à couper au couteau !
"

Le trio a répondu à l’appel à candidature de Jazz Migration #7 et se trouve parmi les finalistes. On se pose tous la question :
Finaliste de Jazz Migration, c’est une bonne situation ?
"Pour ma mère je ne sais pas, pour moi c’est pas mal. Il faut dire que j’ai été tour à tour sommelière, gérante d’un restaurant en Afrique du Sud, administratrice pour le collectif Coax, j’ai monté mon label (Gigantonium) et les soirées La Culture avec un Gros Q.
Je joue depuis que j’ai 9 ans, j’ai toujours continué à jouer, bon an mal an, mais maintenant que la musique est enfin revenue au centre, finaliste Jazz Migration c’est une excellente surprise !
"