Chronique

Stanley Clarke

Jazz Straight Up

Stanley Clarke : contrebasse ; Patrice Rushen : piano ; Leon « Ndugu » Chancler : batterie

Label / Distribution : Vertical Jazz Records

Il faut se rappeler que Stanley Clarke a d’abord eu l’intention d’être
contrebassiste. Sa rencontre avec Chick Corea, qui avait
décidé que le groupe Return to Forever serait électrique, fut
déterminante et l’amena à la basse électrique avec le succès que l’on
sait (l’éponyme Stanley Clarke, Journey to Love, School Days, I Wanna
Play It for You
…). Les fautes de goût se comptent également à la
pelle : Find Out est tellement commercial que même le The Look of Love de Diana Krall passerait pour de l’innovation musicale risquée et courageuse, et
ses désastreuses collaborations avec George Duke n’étaient probablement destinées qu’à payer ses impôts - sans oublier quelques bandes originales de films dont il est difficile de décider, du film ou de la musique, lequel est le plus médiocre (Passenger 57). Heureusement, quelques albums plus aboutis ces dernières années (une collaboration avec Al Di Meola et Jean-Luc Ponty, un Live at the Greek dynamique et réussi, en compagnie notamment de Larry Carlton) permettaient d’espérer que le bougre n’avait pas encore complètement vendu son âme au diable, tel un Faust vénal à la merci des majors.

Avec cet album, Stanley Clarke, entouré de Patrice Rushen au piano et Ndugu Chancler à la batterie, montre qu’il peut être parfaitement à l’aise en jouant des standards à la contrebasse, sans se complaire dans la musique de commande de bas niveau à coup de basse électrique étayée de synthétiseurs. Rassurant, en somme. Le répertoire choisi, une dizaine de classiques parmi les classiques, est étonnant, tant dans sa diversité que dans la relecture des morceaux : Lover Man en bossa nova, Take Five lent et chaloupé, Now’s the Time « débopisé », Oleo joué encore plus vite que par Sonny Rollins, avec en outre un impressionnant solo de basse par-dessus lequel Clarke chante… Evidemment, on n’atteint pas ici les sommets qu’on a pu écouter sur les enregistrements du trio de Keith Jarrett, mais la complicité entre les trois musiciens est latente et l’enthousiasme sensible ; l’enregistrement (qui date de mai 2000), effectué en direct sans remixage ni prises additionnelles, fait preuve d’une spontanéité bienvenue.

A écouter, rien que pour se rassurer sur la sensibilité d’un musicien que l’on a pu croire moribond…