

Stephan Crump
Slow Water
Patricia Brennan (vib), Joanna Mattrey (viola), yuniya edi kwon (vl), Jacob Garchik (tb), Kenny Warren (tp), Stephan Crump (b)
Label / Distribution : Papillon Sounds
A partir du livre Water Always Wins : Thriving in an Age of Drought and Deluge (non traduit) de la journaliste américaine Erica Gies, qui décrit le fonctionnement planétaire de l’eau et la nécessité de la laisser aller à son rythme sans chercher à constamment la canaliser, le contrebassiste Stephan Crump compose une partition qui illustre, avec quelques images persistantes, cette nécessité d’accorder à cet élément fondamental de la vie sur terre le statut de slow water. D’où le titre du disque.
Ainsi, un sextet qui évolue avec de réelles proximités timbrales prend-il le temps de se déployer le long d’un programme d’une belle cohésion s’écoulant comme un liquide entre les oreilles de l’auditeur. Sur des tempos forcément alanguis, les six musiciens, en effet, jouent de nuances dans leur toucher et mettent en place des atmosphères étales qu’il ne faut pourtant pas voir comme monochromes.
Une écoute attentive dévoilera une quantité de détails dans l’agencement acoustique de l’orchestre, notamment grâce aux apports sentis de Patricia Brennan au vibraphone et au trombone chaleureux de Jacob Garchick. Mieux, des dispositifs sonores divers, tout en restant sur des couleurs similaires, créent des textures variées qui renouvellent l’écoute. Plénitude d’une mélodie s’épanouissant avec indolence, ou parties plus griffonnées, délicatement bruitistes, sont les moyens d’apporter de la variété. De même, les associations entre le trombone et la trompette du fidèle Kenny Warren (avec qui Crump conduit un trio depuis de nombreuses années) jouent sur les proximités cuivrées tandis que les cordes (alto et violon) amènent de la légèreté à l’ensemble et ce qu’il faut comme dissonances vivifiantes.
La durée du répertoire demande de la persévérance mais participe du programme : on se laisse emporter sur cette embarcation originale, qui donne la part belle à une écriture contenue et offre beaucoup de liberté aux intervenants. Avec lascivité, évoluant au gré des courants et des embouchures variées, Slow Water est une démonstration des vertus énoncées dans son titre et recèle des qualités foncièrement apaisantes.