Stéphane Guillaume
Windmills Chronicles
Stéphane Guillaume (ts, ss, cl basse, fl), Frédéric Favarel (g), Marc Buronfosse (b), Antoine Banville (dm) ; Brass band
Label / Distribution : Gemini
Les amateurs de jazz ont principalement découvert et apprécié Stéphane Guillaume - ce musicien pour qui les instruments à anches n’ont pas de secret - lors de son passage dans l’ONJ de Laurent Cugny (trois disques), puis dans le Big Band Lumière du même ainsi que dans le Jazz Ensemble de Patrice Caratini. On le retrouvera ensuite aux côtés des plus grandes pointures du jazz hexagonal, dont il fait désormais partie. Sous sa signature, trois CD Mirage, Soul Role et Intra-muros ; il poursuit ensuite sa carrière en quartet en compagnie de Frédéric Favarel, Marc Buronfosse et Antoine Banville avec un « son » de groupe incomparable et, en 2008, décide d’associer à cet ensemble les musiciens/amis qu’il a côtoyés au long de sa jeune carrière dans différents groupes et contextes.
Polysaxophoniste virtuose, compositeur, il devient l’arrangeur principal de cette formation originale, son quartet et un petit brass band de sept cuivres [Claude Egéa & Pierre Drevet (tp, bgl), Denis Leloup (tb & tp basse), Phil Abraham (tb), Eric Karcher & François Bonhomme (french horn), Bastien Stil (tba)], afin de nous conter les légendes du vent, ou apportées par le vent, par l’intermédiaire des moulins d’antan (en emporte le vent d’autan…) ou des modernes éoliennes.
C’est d’abord l’architecture qui séduit - le raffinement de l’écriture que ne contredit pas une évidente sobriété (doit-on toujours les opposer, d’ailleurs ?), la texture polyphonique aventureuse, l’imbrication des timbres et la subtilité des coloris, la fluidité des lignes, des mélodies et de la masse orchestrale, une élégance teintée d’une pointe de nostalgie, une singulière plaisance… bref, un véritable grand œuvre alchimique.
Pour tous ces mouvements de l’atmosphère mis en musique, Stéphane Guillaume a souligné les correspondances avec des univers qu’il connaît et admire, notamment la musique brésilienne, Milton Nascimento, Vila-Lobos (dont la 4ème « Bachiana Brasileira », intitulée « Uirapuru » [1] et une musique de ballet du même nom).
Quatre considérations particulières : la place importante que tient Frédéric Favarel, guitariste trop rare qui est à cet ensemble ce qu’est Ben Monder chez Maria Schneider ; celle d’Antoine Banville, tout aussi convaincant qu’en petite formation ; les interventions des solistes - tous excellents, voir Phil Abraham dans l’hommage à Kenny Wheeler) : et la « Ballade irlandaise » d’Emile Stern popularisée par Bourvil : un grand moment d’émotion retenue.
Un disque culotté, emballant, émouvant ; une réussite totale.