Chronique

Stéphane Spira

First Page

Stéphane Spira (ts, ss), Stéphane Belmondo (bugle), Olivier Hutman (p), Gilles Naturel (b) et Philippe Soirat (dm).

Label / Distribution : Bee Jazz

Stéphane Spira a écrit sa First Page après une longue maturation : entré en musique voilà plus de trente ans, le saxophoniste a découvert le jazz au début des années quatre-vingts et embrassé la carrière de musicien il y a une dizaine d’années. Donc un premier album certes, mais certainement pas un coup d’essai !

De toute évidence, le piano occupe une place particulière dans la musique de Spira. Ses collaborations avec Michel Graillier - avec qui il formait un duo réputé avant la disparition de ce dernier - ou avec Alain Jean-Marie indiquent qu’il recherche « les pianistes de dialogue » : solistes réfléchis et accompagnateurs attentifs. Il est clair qu’il a trouvé en Olivier Hutman un partenaire de choix. La basse boisée, ronde et souple de Gilles Naturel, ainsi que le drumming clair, dansant et subtil de Philippe Soirat complètent ce quartet qui allie groove et finesse. La présence de Stéphane Belmondo sur trois morceaux renforce encore l’élégance de l’ensemble.

Spira signe huit des dix thèmes, reprend « The Peacocks » (un standard de Jimmy Rowles) et conclut l’album avec « Luiza » de Tom Jobim.

La musique du quartet se situe dans ce jazz mainstream contemporain qui reprend souvent la structure du be-bop, la nonchalance du cool, opère des incursions dans les musiques tropicales (en l’occurence la bossa nova), adopte le raffinement d’écriture du Troisième Courant, le groove du hard-bop et, parfois, une approche des développements rythmiques et mélodiques inspirée par le free (sans jamais, toutefois, aller jusqu’aux mêmes extrêmes).

Cette musique étant servie par des techniciens irréprochables et « honnêtes hommes », il en résulte un album intelligemment construit, qui balance bien et qu’on re-écoutera avec plaisir…