Prenez les membres encore en vie de l’ex-Gadd Gang et associez-les au WDR. Ajoutez-y Michel Abene l’arrangeur et chef d’orchestre de ce même big band, puis deux claviéristes et un guitariste – Bobby Sparks II, Simon Hoslender et Bruno Müller – et enfin donnez-leur un répertoire qui va de compositions de Steve Gadd à un certain nombre de reprises jazz, soul et blues. Vous obtiendrez un album revival autour de la figure de Gadd. C’est en tout cas ainsi qu’est construit et qu’on perçoit Center Stage.
L’album commence avec « Signed, Sealed, Delivered” de Stevie Wonder, se poursuit avec “Watching The River Flow” de Bob Dylan et “I Can’t Turn You Loose” d’Otis Redding, peut-être plus connue encore par la version (et le film) des Blues Brothers. Ça sonne, bien sûr, mais on est un poil déçu. Peut-être parce qu’il n’y a pas le volume escompté ? Peut-être parce qu’on s’est habitué à des choses plus complexes et foutraques. Ces trois morceaux et quelques autres, « Them Changes » de Buddy Miles ou « Way Back Home » de Wilton Felder, apparaissent un peu trop sages.
Restent toutefois quelques belles réalisations dont « Che ore so » de Pino Daniele. Bien sûr il n’y a pas la patte du chanteur italien, mais la version a cette fois plus de volume et on se prend à allonger les jambes et se laisser aller au gré du morceau dont le thème, amené au sax baryton, évoque la voix de Daniele. Les six minutes du morceau laissent d’ailleurs à l’auditeur le temps de profiter de cette langueur et le traitement minimaliste associé aux chorus d’Eddie Gomez, puis de Ludwig Nuss et enfin, manière de retomber sur les graves, de Ronnie Cuber, est très agréable.