Scènes

Steve Lacy en trio au Sunset le 13 juin 2002


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Je ne connaissais pas bien Steve Lacy. Quelques disques écoutés à droite et à gauche dans son imposante discographie, la vision de son film diffusé sur Arte il y a deux ans. Bref le sentiment tenace de passer au travers de quelque chose d’essentiel du jazz de ces 30/40 dernières années.

La carte blanche offerte le mois de juin dernier (pendant 2 semaines) fut la bonne occasion non pas de rattraper mon retard, mais de voir peut-être pour la dernière fois ce maître du saxophone soprano (puisque Steve Lacy retourne enseigner aux USA après son long séjour en France). Oui maître, car il semble que Lacy soit le seul à avoir proposer quelque chose qui échappe complètement à l’écrasante influence de Coltrane sur cet instrument.

Je vais le voir en trio. Avec Jean Jacques Avenel et John Betsch. Les trois compères viennent de sortir un disque de très bonne facture (The Holy La chez Free Lance), et bien que n’apportant rien de véritablement neuf à l’univers de Lacy, il donne à entendre de très bonnes improvisations et une leçon d’interplay précis. La salle est archi-pleine, c’est bon signe et ça doit évidemment faire plaisir aux musiciens. Aux bouts des deux sets, je ressors content, pas d’un enthousiasme exagéré, mais avec un petit sourire ravi au coin de la bouche. Un bonheur modeste et assez étrange. La musique de Lacy a fait son petit effet, et un mois après j’en suis encore surpris !

J’ai retrouvé tout ce qui fait Lacy, un jeu refusant toute virtuosité apparente, un son caractéristique basé sur une attaque franche du son (on a l’impression d’avoir un décalage entre l’attaque proprement dite et le doigté), un don de se jouer d’une mélodie avec malice, et quelques éclairs bruitistes, couinant à souhait et qui vous chatouillent le bas du dos ! A ses côtés ses musiciens s’expriment largement, notamment Jean-Jacques Avenel : un solo à chaque morceau. Et quelle renouvellement à chaque fois, une leçon de contrebasse sans esbroufe. Décidément derrière son humilité il est avec Jenny-Clark, Texier ou Chevillon ce qui est arrivé de mieux à la contrebasse dans l’Hexagone (voire le « monde » ?).

Dans une atmosphère dès plus détendue et amicale, il y eu quand même un moment de retenu, pour un hommage à Oliver Johnson le fidèle batteur décédé il y a peu.

Voilà, au revoir Monsieur Lacy, bonne route et merci pour tout.