Chronique

Sylvain Beuf Sextet

Joy

Sylvain Beuf (ts, ss, comp, arr), Pierrick Pedron (as), Denis Leloup (tb), Jean-Yves Jung (p), Diego Imbert (b), Franck Agulhon (dm)

Label / Distribution : Such Prod / Harmonia Mundi

C’est après un concert en trio au Duc des Lombards en février 2009 que Sylvain Beuf envisage d’étoffer sa musique et de l’élargir à la dimension d’un quintet puis, à l’occasion d’un engagement dans un club à Dunkerque, d’un sextet, suite à une irrépressible envie d’écrire le répertoire. « J’ai tout orchestré dans un état d’euphorie créatrice que je n’avais jamais connu auparavant ; je n’avais pas à chercher », confiera-t-il…

Il avait trouvé, confirme-je. D’abord, le son, deux saxophones et un trombone, grâce à ses partenaires : Denis Leloup, un des meilleurs trombonistes français (avec Yves Robert), qui a joué avec le gratin dans différents contextes, Pierrick Pedron, saxophoniste alto à l’énergie d’improvisation séduisante (cf. son Omry), Jean-Yves Jung, pianiste apprécié au sein du Paris Jazz Big Band et agréable découverte dont on devrait ré-entendre parler) et l’une des rythmiques parmi les plus remarquables et remarquées, Diego Imbert et Franck Agulhon (qui dit mieux dans ce contexte ?)

La première plage « Joy » donne immédiatement le ton : du jazz d’aujourd’hui sans outrance, sans retour vers le passé, des compositions vraiment originales, interprétées par des musiciens qui, de par leur maturité, n’ont plus rien à prouver à part une envie de jouer généreuse et communicative, un « son » d’ensemble sans trop de stridences (absence de trompette) qui m’évoque les premiers enregistrements de Wayne Shorter sous son nom (les « Blue Note » - une référence), une flamme contagieuse. Comme le public présent lors de l’enregistrement, on ne s’ennuie pas une seconde ; Sylvain Beuf signe ici un album abouti : nous avons en lui un véritable compositeur/arrangeur et un soliste de classe… un peu trop discret.