Chronique

Tarek Yamani

Peninsular

Tarek Yamani (p, claviers), Elie Afif (b), Khaled Yassine (dms), Wahid Mubarak (perc), Ahmad Abdel Rahim (perc), Adil Abdallah (voc).

Label / Distribution : Edict records

A l’heure ou mélanger les genres devient une discipline très en vogue voire salvatrice pour les artistes, il faut admettre qu’en soi l’idée seule ne suffit pas pour faire mouche à tous les coups. Il n’est pas juste question d’assembler, ni de juxtaposer les styles mais bien de restituer une identité propre à partir d’éléments hétéroclites dont l’association ne tombe pas toujours sous le sens. Passer, un peu comme par magie, de l’improbable au probant. Vaste programme, qui ne réussit que lorsqu’il reflète une expérience de vie, qu’il est directement puisé dans le vécu.

Tarek Yamani illustre parfaitement cette démarche. Chez lui, les contraintes deviennent les atouts d’une musique singulière, fraîche et immédiatement identifiable. Le cœur est un trio claviers/basse/batterie sur lequel viennent se fondre les percussions orientales. Entre un piano résolument jazz et un clavier restituant les quarts de ton de la musique orientale, le tout est porté par des rythmes très variés dans une virtuosité aussi naturelle qu’accessible. On entrevoit même un plus large spectre musical lorsque des accents de samba ou de flamenco s’invitent au bal des musiques du monde.

L’art de Tarek Yamani ressemble à son parcours, au point que l’un et l’autre se nourrissent mutuellement, traduisent à la fois ses origines, son présent et ses aspirations. Le Libanais débarque à New-York en 2011. Il se confronte à la scène locale, peaufine son jeu, tombe, se relève, tâtonne, et peu à peu s’émancipe. Quelques années plus tard, le nouveau New-yorkais s’installe à Dubaï pour 18 mois. De retour à Harlem, il nous livre ce troisième album qui devrait aisément le propulser sur la scène internationale.

Le potentiel de Peninsular est multiple : il invite à rêver, à danser - « Hala Land » est un tube en puissance -, à prendre le large. Cet album enthousiaste, à la joie communicative, aussi contemporain qu’intemporel, fait du bien et s’écoute sans modération.