Taylor Ho Bynum, Alexander Hawkins

Si ce duo réunissant Taylor Ho Bynum et Alexander Hawkins n’est pas une première rencontre puisque ces deux musiciens se côtoient depuis longtemps - depuis, au moins, le groupe Convergence Quartet qu’ils co-dirigeaint (avec Dominic Lash et Harris Eisenstadt) durant les années 2000 -, il est en revanche la première trace enregistrée en face-à-face. Cette relation au long cours, de même qu’un intérêt partagé pour une musique exigeante et créative, bénéficie pleinement aujourd’hui à une pratique ouverte dans laquelle l’improvisation tient une large part.

Sous la tutelle du trompettiste Bill Dixon dont deux des compositions sont interprétées, les deux musiciens font valoir leur science musicale pour sonder un territoire sévère qui s’enrichit des tensions entre les deux instruments. D’un côté, en effet, le cornet ou le bugle vont chercher à extraire les sonorités métalliques les plus profondes ou les plus éclatantes ; de l’autre, le piano, à la large expressivité, n’hésite pas à investir les parties les plus aiguës du clavier. Cet échange aux extrêmes, loin de produire une double avancée sans point de rencontre, élargit au contraire les possibles et permet la mise en place d’un dialogue qui se tient sur une corde fertile. De cette acrobatie de haut vol naît un propos d’une belle densité qui n’est pourtant jamais pesant.

Le long de ce répertoire, les musiciens, en effet, trouvent le moyen de ne jamais se marcher sur les pieds et laissent beaucoup de place à l’autre, réservant les parties superposées aux pics d’intensité. À approfondir l’écoute, passé l’aspect sévère, on découvre un échange généreux dans lequel l’intelligence s’associe à la recherche d’une beauté rentrée mais généreuse.