Chronique

The King Of Bungle Bar

Umlaut Big Band Plays Don Redman

Live at Lavoir Moderne Parisien

Label / Distribution : Umlaut Records

Notre époque aura vu Wynton Marsalis jouer aux côtés de Michel Portal (et réciproquement), mais aussi les jeunes et talentueux musiciens de l’Umlaut Big Band exceller dans des registres très différents, du jazz arrangé ou un peu dérangé, à des musiques totalement affolées, quand ce n’est pas complètement improvisées hors de la plaque.
Je ne sais pas ce qu’en pensent les adeptes religieusement alignés du jazz dit « traditionnel », et au fond peu importe. Sous la houlette de Pierre-Antoine Badaroux (as), Antonin Tri-Hoang (as, cl, b-cl), Geoffroy Gesser (ts, ss, cl), Pierre Boret (ts, cl), Benjamin Dousteyssier (as, bs, bass sax), Brice Pichard, Louis Laurain, Emil Strandberg (tp), Fidel Fourneyron (tb), Michaël Ballue (tb), Romain Vuillemin (g, bjo), Bruno Ruder (p), Sébastien Beliah (b) et Antonin Gerbal (dm) travaillent donc à restituer aujourd’hui quelque chose de vif en provenance d’un passé très lointain, voire oublié. En l’occurrence, les arrangements d’un certain Don Redman, qui fut le maître d’oeuvre de pas mal d’entreprises de folie que furent (par exemple) les orchestre de Fletcher Henderson, Jimmie Lunceford ou des McKinney’s Cotton Pickers. Avec P.A. Badaroux, on découvre qu’il fut encore bien plus, et que sa carrière s’est prolongée jusqu’aux années 50.

J’ai toujours apprécié ces entreprises (par exemple quand elles avaient comme source le saxophoniste Paul Chéron), et vibré aux accents délicieusement « vieux style » de l’Original Prague Syncopated Orchestra, où, sous la direction de Pavel Klikar (tp), la musique de Paul Whiteman trouvait, sur instruments d’époque, de nouveau le chemin des corps et des coeurs. Avec chanteur et porte-voix incorporé. On se doute que là, je me régale, et du début à la fin ! D’autant que P.A. est du genre à fouiller partout, à découvrir des partitions jamais jouées, bref à faire aussi le boulot du musicologue.

Alors dansez gambettes, riez sous cape jeunes gens et jeunes filles, et dites-vous bien qu’il faut beaucoup de travail pour que cela swingue vraiment. Car même sous Lunceford ou Basie, le miracle ne s’accomplissait pas toujours. Alors pensez... Ou plutôt ne pensez pas, bougez, sautez, regardez autour de vous, levez-vous enfin, les orages désirés sont arrivés.