Thomas Adès - Winston Choi

Malgré une longue carrière de vingt ans, forte d’une quarantaine de partitions et de quelques prix, Thomas Adès ne jouit pas d’une célébrité qui déborde du milieu de la musique contemporaine.
C’est pourtant loin d’être un poids léger de la discipline, et de ce dernier disque – entièrement consacré au piano et mêlant des compositions datées de 1995 comme de 2011 – se dégage une incontestable maîtrise.

Bien que résolument contemporain dans son approche, Illuminating from Within se réfère en plusieurs endroits à d’illustres anciens : John Dowland revisité, Chopin cité via les « Mazurka », Liszt et Busoni (desquels sont rapprochés les pièces extraites de son « Concert Paraphrase on Powder Her Face ») et Messiaen qui transparaît dans les recherches en synesthésies comme dans les complexités rythmiques autour desquelles le compositeur tourne.

Par cette généalogie, Thomas Adès se place dans la lignée d’une certaine virtuosité où l’on éprouve l’instrument plutôt qu’on ne s’en fait l’amoureux complice. Une lignée exigeante, ayant pour ambition d’épuiser les registres du piano, se créant même des manières de défis (ici en rendant muet le registre médian sur « Still Sorrowing »).

Winston Choi est tout à fait en mesure de relever le gant du compositeur, ayant travaillé avec Elliott Carter (dont il a enregistré les œuvres complètes pour piano) et John Zorn. Il s’est déjà confronté à ces musiques qui s’épanouissent dans les espaces les plus ardus.

Reste qu’être un peu constamment dans le registre de l’épreuve, baigné dans une certaine forme d’ascétisme de la performance, malgré des moments d’impressionnants déploiements musicaux, peine à rendre ce disque, par ailleurs brillant, tout à fait aimable.