Titi Robin Quatuor

Quarante ans de balades musicales, quarante ans de routes à refaire, à défaire, de chemins qui croisent ceux des grands flâneurs de la musique.

La musique de Titi Robin est coutumière de ces sentiers arpentés en tous sens par de multiples générations gitanes, de l’Inde à l’Atlantique, riches de mélodies éternelles et vives. Mais elle a su aussi dériver, explorer encore au-delà, du Maghreb à l’Amérique du sud représentée sur ce dernier ouvrage, Le Sable et l’écume, par les percussions brésiliennes de Zé Luis Nascimento qui installe une dynamique discrète et essentielle, tour à tour ossature ou rampe de lancement pour des explorations infinies.

La contrebasse de Chris Jennings, qui navigue depuis des années entre jazz et musiques du monde, se coule dans le voyage avec le plus parfait naturel. De même Renaud-Gabriel Pion, souffleur, a souvent promené ses clarinettes, saxophones et cor anglais dans des expériences défricheuses et fraîches.

Chaque note, chaque souffle : une invitation à l’évasion, un clin d’œil à des horizons lointains. Les compositions modales prennent leur temps, laissent la musique respirer, s’épanouir.

L’enregistrement, signé Manu Le Duigou, remarquable de subtilité, se distingue par un grand sens de l’espace et crée une aération bienvenue, ample, qui laisse à la musique et aux instruments l’espace et le temps de trouver les rythmes qui leur siéent le mieux. Parfois se tissent de longues toiles d’atmosphères suspendues, tantôt se lancent des danses qui dodelinent (« Le Lait cru de la vie », « Poisson ivre », « Café malté »).

Dans sa délicatesse comme dans son esprit aventureux, Titi Robin pourrait être un lointain cousin de Nicolas Bouvier qui, lui aussi, a frotté, poli ses mots au monde avant de nous les offrir. On songe parfois, à l’écoute de ce disque au très beau titre, à un des livres du Suisse : Échappée belle, éloge de quelques pérégrins.