Trance Map +

Trance Map se porte bien. Le duo formé en 2008 par Evan Parker et Matthew Wright affirmait d’emblée son originalité : les développements sonores mélangeaient les lignes des saxophones, les échantillonnages électroniques et les platines. Le premier album sorti en 2011 en appelait d’autres avec l’ambition d’inviter des musiciens. En 2017, un concert enregistré à Nickelsdorf en Autriche et publié sur Intakt Records réunissait Adam Linson, John Coxon et Ashley Wales autour des deux membres fondateurs, d’où l’appellation de Trance Map +.

Etching the Ether bénéficie d’une prise de son exceptionnelle, ce qui est primordial au vu des climats variés et des micro-tonalités. Evan Parker, pilier des musiques improvisées, n’a rien perdu de sa superbe sonorité et de sa virtuosité. Sa technique multiphonique affinée durant des décennies le conduit ici à adopter un discours fluide. Matthew Wright élabore des nuances qui permettent à la musique de se construire méthodiquement. À la huitième minute d’« Engaged In Seeking », les sonorités électroniques bouleversent la construction musicale ; il faut attendre la quinzième minute pour que resurgisse un mur électro-acoustique nimbé d’échos. Tout en inventivité, Peter Evans installe de splendides unissons avec Evan Parker dans « At Altitude », son phrasé évoquant les fulgurances de Don Cherry. La forêt de percussions prodiguée par Mark Nauseef, en particulier dans « Drawing Breath », stimule ses partenaires. Son expérience de la pratique des percussions indonésiennes, en particulier du gamelan, lui permet d’intensifier le rapport à l’espace en faisant retomber les tensions.

Evan Parker fait preuve d’un renouvellement artistique constant au sein de ce quartet. Il en est le guide inspiré, tantôt planant au-dessus des canevas expérimentaux, tantôt plongeant dans la masse sonore avec sa typique respiration circulaire. Album indispensable.