Chronique

Tristan Melia Trio

No Problem

Tristan Mélia (p), Thomas Bramerie (b), Cédrick Bec (dm)

Label / Distribution : Jazz Family

A même pas vingt-cinq ans, Tristan Mélia sort un second album qui devrait le placer sur la carte des pianistes hexagonaux sur lesquels compter. Une main gauche souple et ferme lui donne un grand sens du rebond dans le swing ; il a un toucher éminemment plastique, qui confère lyrisme et danse à son jeu. Porté sur les fonts baptismaux de la musique dès sa tendre enfance, il a pu bénéficier dès l’adolescence des enseignements de Mario Stantchev notamment, mais également de soutiens indéfectibles dans le Sud (sa famille, évidemment, mais aussi l’équipe de l’Osons Jazz Club, vers Forcalquier, qui lui a permis de bénéficier d’un environnement incomparable pour construire ses compositions à l’occasion de résidences répétées).

Si, évidemment, l’ombre de Bill Evans plane sur ses propositions, notamment dans son sens de l’allant et du retenu simultanés, il a le blues élégant, proposant des figures de style qui semblent inspirées de Wes Montgomery qu’il révère (comme sur « Dernier espoir » ou les subtils accents boogie-woogie sur « Why Not Blues »). L’enfance n’est jamais loin cependant, comme sur « La Valse du clown triste », ode à l’innocence et à la rêverie.

Fin sculpteur de la matière sonore, il sait laisser de l’espace à ses partenaires : Thomas Bramerie, à la contrebasse, peut développer des propos sensibles, tant dans l’accompagnement (superbes rondes et blanches lorgnant vers des harmoniques bouleversantes) que dans les solos, cependant que Cédrick Bec, à la batterie, ouvre des espaces poétiques sidérants.
Un plaisir du jeu au sens ludique irradie tout au long des plages de cet album, du standard « No Problem » jusqu’au guilleret « Le Bois de Pont-Aven », petit bijou de swing sur lequel le trio s’en donne à cœur joie. Gageons qu’en concert les musiciens et les audiences plongent dans un tourbillon d’émotions.