Chronique

Troublemakers

Stereo Pictures Vol 2

Label / Distribution : MK2 Music

Bien qu’ils n’évoluent pas particulièrement dans « l’honorable » sphère jazzistique, les Troublemakers ont néanmoins leur place dans ces colonnes. Ces trois activistes de la scène électronique (essentiellement des DJ), se livrent ici à l’exercice difficile de la compilation. Rassembler des titres d’autrui et les empiler bout à bout, mouais, pas bien original tout ça !

Seulement voilà, à l’heure où d’autres, (et ils sont nombreux !), ont pour seul et unique objectif de faire danser les foules en délire, ceux-là préfèrent s’activer en studio, et s’adonnent à un véritable travail de (re)création et de composition. Présentée comme la bande-son cinématographique d’un film imaginaire, l’action (si action il y a) se déroule dans les très prolifiques années 70 sur fond de black music et de revendication sociale.

C’est avec un sens judicieux du mix que les morceaux s’enchaînent, agrémentés de subtils dialogues, bruits bizzares et autres ambiances dignes des meilleurs polars. Enfants terribles du jazz, du funk et de la musique afro-cubaine, les Troublemakers rendent hommage aux anciens, avec des titres des saxophonistes Yusef Lateef, Rahsaan Roland Kirk (ici à la flûte sur l’intemporel Ain’t No Sunshine), ou encore Nina Simone (l’hypnotisant See-Line Woman). On retrouve également le trompettiste Donald Byrd associé à une section de cordes sur un titre funky à souhait, ambiance Huggy-les-bons-tuyaux assurés (Wilford’s Gone). Une fois le décor planté, ils nous présentent les talents de demain.

Le Yesterday’s New Quintet du muti-instrumentiste Madlib, Funki Porcini, une des têtes pensantes de l’écurie Ninja Tune ou enfin LB Thomas, musicien habile (à suivre de près) manipulant avec talent et imagination instrumentation acoustique et programmation électronique, (l’onirique et délicieux Red Wine). Entre jazz, funk, hip hop et musique électronique, il n’ y a qu’un pas qui est largement franchi avec ce disque. On attend (impatiemment) la suite…