Two Minuettos [Live in Milano]

Two Minuettos est le troisième album de ce duo qui existe depuis plus de dix ans. Différence, notable au demeurant, avec les deux précédents, il a été enregistré en live. En revanche on y retrouve la même esthétique. Beaucoup de mélancolie, d’épure et une indéniable grâce.
C’est beau comme tout et on se laisse volontiers aller à un très agréable sentiment d’alanguissement. Le tempo de leur version de « I Loves You Porgy », un tube s’il en est, est ralenti jusqu’à atteindre le nœud serré où se rencontrent l’amour et la mort. Il n’est pas sans risque de reprendre cette chanson de Gershwin après tant d’autres. La comparaison avec Miles Davis, Elle Fitzgerald, Nina Simone et autres grands interprètes s’invite. La version que proposent Paolo Fresu et Uri Caine ne souffre aucunement de la confrontation. Si le son et les phrases du trompettiste saisissent sans équivoque, on entend plus de nervosité dans le jeu du pianiste américain. Mais, même lorsqu’il accélère le tempo, tendresse et accablante désolation sont célébrées. Cette posture témoigne d’une extraordinaire capacité à traduire en musique une sensibilité exacerbée.

A l’instar de « I Loves You Porgy », ce sont des reprises de grands thèmes qui figurent ici. On trouve pêle-mêle « Nature Boy », dont les interprétations sont là aussi fort nombreuses, des compositions de John Lennon, de Joni Mitchell, Bach, Mahler et Barbara Strozzi. Le répertoire dans lequel les deux musiciens puisent est hétérogène. En revanche, le jeu qu’ils développent lui donne beaucoup de cohérence et le transforme en univers.