Le jazz a sa tribune depuis 2001

Edition du 24 mars 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Une histoire du jazz en images

Communiqué :

UNE HISTOIRE DU JAZZ EN IMAGES Soirée dédiée à Jo Milgram



Jo Milgram (3 juillet 1916 - 7 novembre 2005) a découvert le jazz live adolescent, à Saint-Germain-des-Prés dans les années trente. Fervent passionné, il devient très vite l’ami des musiciens de passage à Paris, le frère d’armes de Boris Vian, Charles Delaunay, du Hot Club de France… Il vibre devant Django Reinhardt, Louis Armstrong, Cab Calloway, le Cotton Club au Moulin Rouge… En 1970, il commence à collectionner les films de jazz, à une époque où « il y avait encore des catalogues intéressants à Hollywood, mais si [on] ne s’y était pas accroché, tout aurait disparu ». En trente ans, avec l’aide de Daniel Filipacchi, il a constitué une des plus belles collections, somme unique au monde de plus de soixante heures d’images.

Daniel Richard, actuel directeur du jazz chez Universal, fut l’artisan de la rencontre entre la collection Jo Milgram et son public, l’encourageant à faire ses premières projections lors de la semaine « Jazz on movies » en 1977 à l’Action Christine (Paris). En novembre 1980 a lieu au CISP de la porte de Vincennes la première d’une série de sessions mensuelles de l’« Histoire du jazz par le cinéma » - plus de 140 programmations produites par Noël Hervé, complice de travail de Jo Milgram - que plus de 20 000 personnes ont plébiscitées jusqu’en juin 1993.

C’est là que Patrick Bensard a découvert la collection et a proposé à Jo Milgram d’organiser, dès octobre 1987, des projections ponctuelles à La Cinémathèque de la Danse, où sa collection a tout naturellement trouvé refuge depuis 1999. La séance de ce soir, organisée en collaboration avec Noël Hervé, met notamment en lumière des films de Will Cowan réalisés vers 1950 pour Universal, avec Duke Ellington, Nat King Cole, Sugar Chile Robinson, Billie Holiday, Count Basie… Comme le rappelle le spécialiste du jazz au cinéma, le Britannique David Meeker, les unités de production de courts métrages rattachées aux grands studios hollywoodiens - Universal, Columbia, Warner, MGM, Fox et Paramount - ont rendu un grand service à l’histoire du jazz. Ces images et ces sons, pris à la suite des premiers Vitaphones en 1926, donnent un accès privilégié et immédiat à la beauté de l’âge d’or de la musique noire américaine.

JO MILGRAM : LE CŒUR DU JAZZ

Ce dont Jo Milgram nous parle sans relâche, ce qu’il nous montre, c’est la légende dorée d’une époque disparue du jazz. Figures prodigieuses, lunaires, au visage souriant ou totémique, danseurs et musiciens célèbres ou méconnus, qui viennent à nous, magnifiques, précis, suspendus à leur instrument, sautant en l’air périlleusement, zigzagant, swinguant, glissant, délicieux virtuoses, femmes graves, ravissantes, dandies impeccables, qu’aucune pesanteur ne semble pouvoir affecter. Plus forts que la mort, plus légers que la nuit, ces possédés angéliques vibrent encore à la lueur palpitante de la mémoire. Qu’importe alors les dates, les noms, les précisions historiques, puisque nous savons bien que seules comptent l’ivresse et la gravité du plaisir, l’hypnose légère, provoquées par l’enchaînement de ces images dont le grain et le grésillement sonore renforcent l’effet d’hallucination. Ce bonheur inouï, sans âge, Jo Milgram nous le donne avec sa collection, sauvant de l’oubli une tradition et un raffinement qui, d’année en année, semblent plus riches, plus vibrants et plus lointains.
Patrick Bensard, directeur de La Cinémathèque de la Danse, 1994

Programme :

* Buddy Rich and His Orchestra, de Will Cowan, 1948, 12’

Avec Terry Gibbs.
Film inédit en France.
Buddy Rich en crooner, danseur et percussionniste.

* Woody Herman and His Orchestra, de Will Cowan, 1948, 12’

Avec Shorty Rogers, Ernie Royal, tpt ; Earl Swope, trb ; Woody Herman, clar, voc ; Stan Getz, Zoot Sims, Al Cohn, ts ; Serge Chaloff, bar sax ; Don Lamond, drs…
Film inédit en France.
Une des toutes premières apparitions de Stan Getz à l’écran, au sein des « 4 Brothers ».

* Symphony in Swing, de Will Cowan, 1949, 12’

Avec Duke Ellington et son orchestre.
Numéro de danse inédit des Edwards Sisters.

* Perez Prado and His Orchestra, de Will Cowan, 1952, 12’

Film non seulement inédit, mais jamais répertorié en France.
Avec Perez Prado, le roi du mambo, au chant et au piano.

* King Cole Trio, de Will Cowan, 1950, 12’

Avec The Benny Carter Band. Dont : Benny Carter, ldr ; et Nat King Cole, pno, voc ; Irving Ashpar, gtr ; Joe Comfort, b ; Jack Costanzo, bongo, Bunny Briggs, taps ; Dolores Parker, voc.
Numéro de danse de Bunny Briggs.

* Xavier Cugat and His Orchestra, de Will Cowan, 1952, 12’

Document inédit et non répertorié.
Numéro de danse de Tobby & Louie.

* Salute to Duke Ellington, de Will Cowan, 1950, 12’

Avec Duke Ellington et son orchestre.

* Sugar Chile Robinson, Billie Holiday, Count Basie and His Sextet, de Will Cowan, 1951, 12’

Avec Sugar Chile Robinson, piano ; Billie Holiday, Count Basie et son Sextet.
Copie flambant-neuve de ce joyau, comparable à Sound of Jazz.

N.B. : Pour prolonger l’œuvre de Jo Milgram, un festival est en préparation dans les Landes. CinéJazz à Seignosse, organisé par sa fille Josette Milgram en collaboration avec le maire de Seignosse, Ladislas de Hoyos, tiendra sa première édition du 25 au 27 août 2006. (D.R.)