Une mer d’oreilles chez Birgé
Apéro Lab chez Jean-Jacques Birgé avec Hélène Duret et Alexandre Saada.
La formule en est à sa cinquième édition. L’Apéro Lab rassemble une poignée d’auditeur·rices rompu·es aux surprises musicales et farouchement opposé·es au conformisme étriqué.
Cette fois-ci, la présence du piano acoustique pose un problème technique. Situé dans une sorte de cabinet de curiosités vitré, à une extrémité de la pièce, il n’est pas déplaçable.
Alors, porte ouverte, Alexandre Saada s’y installe. Hélène Duret est à ses côtés, clarinettes aux pieds. Iels sont entouré·es de multiples instruments, objets sonores et sonnailles diverses, en vrac sur les étagères.
À l’autre bout de la grande pièce trône Jean-Jacques Birgé, démiurge électro-acoustique, trompinettiste en salopette et organisateur de surprises partout.
Il gère les ordinateurs, l’enregistrement, les claviers et les multiples prototypes étranges fabriqués par de farfelus inventeurs russes, qui sonnent selon qu’on les caresse, qu’on les remue, qu’on les tapote. Bref, des instruments électroniques non-identifiés (IENI).
Entre le duo d’invité·es et le maître des lieux, le public. Aligné face à face sur plusieurs rangées, ce groupe homogène figurera autant la mer Rouge s’ouvrant pour laisser passer la musique élue d’une rive à l’autre que le public des cours de tennis, au mouvement de tête latéral.
Fort heureusement, ayant opté pour un canapé légèrement en retrait, j’avais une vue plus dégagée et globale.
Pour chaque morceau, un titre de livre est proposé par le public. Il servira de trame à l’improvisation.
Les échanges entre les musicien·nes sont fluides et immédiats. Pour bien s’entendre, chacun·e porte un casque audio. Nous entendrons le résultat mixé uniquement sur l’enregistrement ci-dessous.
En cours de jeu, l’ordinateur qui contrôle les effets et claviers est tombé en rade. Cet aléa du direct, comme disait Bernard Tapie, a été l’occasion de beaucoup de sueurs froides mais aussi de sonorités différentes, acoustiques et inattendues.
Rien ne rendra mieux justice à cette musique que d’être écoutée mixée et mise en forme par son inventeur. L’ensemble de cet Apéro Lab est disponible à l’écoute (tout comme les précédents).