Chronique

Unit

Wavin’

L. Blondiau (tp, bugle), M. Donarier (ts, cl), S. Boisseau (b), M. Kallio (perc), V. Kujala (acc)

Label / Distribution : Yolk Records

Avec Unit, il est question d’unité de temps – passé, présent, futur – et d’unité par-delà les frontières. Ce quartet né en 2005 suite à une commande du CRDJ est à l’image du collectif Yolk et de ses ambitions : ouverture sur l’histoire du jazz et sa perpétuation, ouverture sur les autres scènes européennes avec, aux côtés de Sébastien Boisseau et de Matthieu Donarier, le trompettiste belge Laurent Blondiau et le batteur finlandais Mika Kallio. Après de nombreux concerts à travers le Vieux Continent, ils se sont retrouvés en compagnie de l’accordéoniste Veli Kujala, au milieu d’une tournée, pour enregistrer un deuxième album, après le l’excellent Time Setting paru sur le label hongrois BMC.

Sébastien Boisseau, qui signe la majorité des compositions, cite de nombreuses sourced d’inspiration, dont Old And New Dreams, le mythique quartet de Don Cherry, Ed Blackwell, Charlie Haden et Dewey Redman. Wavin’ révèle effectivement ce goût - partagé avec le quartet des anciens partenaires de Ornette Coleman - pour les mélodies baignant dans des formes souples, laissant toute liberté aux musiciens pour parcourir le chemin ensemble, au gré du vent.

Mais Unit rappelle également d’autres chemins de traverse, tels le Charms Of The Night Sky de Dave Douglas, notamment dans le mariage des timbres et l’ambiance qui se dégage de « Dunes », ou encore la rencontre entre ce trompettiste américain et Louis Sclavis sur « Interceptor » [1]. Wavin’ est une musique des terroirs, ouverte aux influences, une musique de climats nordiques et de fin de jour. Ça bruisse, ça prend ses aises, le temps se contracte ici pour mieux se dilater là. D’un morceau à l’autre, la musique propose des univers d’une belle douceur (« Crocus »), ou au contraire emplis d’une énergie débordante et jouissive (« Malinois » ou « Wanbli »).

Bel exemple de collectif engagé au service de la musique que livrent ici ces cinq magnifiques musiciens si doués pour creuser le matériau de base et s’en servir pour propulser des improvisations passionnantes mêlant avec bonheur les lignes instrumentales. Ce très bel album dose savamment les influences pour donner une œuvre moderne qui procure à l’auditeur un plaisir indicible.

par Julien Gros-Burdet // Publié le 5 août 2010
P.-S. :


A noter que Wavin’ sort simultanément chez Yolk et Fiasko, le label finlandais. Histoire d’accentuer encore la volonté de développer une scène européenne faites de rencontres et d’échanges.

[1Cf. Bow River Falls (Koch, 2004) avec Peggy Lee et Dylan Van Der Schyff.