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Edition du 23 avril 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Ursus Minor : Zugzwang

Communiqué :

C’est en janvier 2003 que le groupe Ursus Minor (nom latin de la constellation de la « Petite Ourse ») s’est produit pour la première fois en public au festival Sons d’Hiver. Association détonante de musiciens de tous horizons géographiques et stylistiques, la formation s’est constituée comme une courroie de transmission entre les différents genres de notre époque.

Avec Tony Hymas aux claviers (compagnon de route de Jeff Beck ; partenaire et arrangeur de musiciens aussi différents et décisif que Sam Rivers, Michel Portal ou Jacques Thollot ; compositeur prolixe et inspiré - une symphonie pour le London Symphony Orchestra - signataire du disque Oyaté, auteur de tubes - « I won’t let you down ») ; Jef Lee Johnson (guitariste « coltrano-hendrixien » de News from the Jungle, accompagnateur prisé, partenaire d’ Aretha Franklin, Ronald Shannon Jackson, D’Angelo, the Roots, Common, Billy Joel, Rachelle Ferrell, George Duke, Michel Portal ou Chakha Khan) ; François Corneloup au saxophone (partenaire de Louis Sclavis, Henri Texier, Bernard Lubat ou Michel Portal ; leader d’un des plus beaux quartets actuels dans le champ du jazz français, avec Marc Ducret, Yves Robert et Éric Échampard) ; David King, figure clef de la jeune scène de Minneapolis, (batteur des groupes The Bad Plus et Happy Apple) - Ursus Minor ouvre résolument ses portes à qui désire venir y déposer ses idées, ses sons, ses colères et ses espoirs et invente une nouvelle façon de faire de la musique « ensemble ». Le livret du disque a été réalisé par le dessinateur politique américain Andy Singer et le photographe Guy Le Querrec (Magnum).

La chanson sous toutes ses formes ; le rap dans toutes les langues ; la musique instrumentale qu’elles soit écrite ou improvisée - constituent les lignes de force essentielles de cette première aventure discographique résolument axée sur le dire. Ursus Minor s’est, dès ces deux mémorables soirées initiales de Sons d’Hiver, étoffé de quelques invités significatifs : les rappeurs M1 et Umi de Dead Prez, Boots Riley de The Coup, D’ de Kabal de Spoke Orchestra et Spike d’Antagony, la chanteuse Motown Ada Dyer et le légendaire guitariste Jeff Beck. Rappeurs américains et français évoquent l’enfance avec tendresse (« Enfants »), avec amertume, les soldats abîmés et abusés (« Le Soldat Rangé »), se souviennent (« Lists »), se jouent d’un Square Dance Rap à suspense et dressent leur inventaire de l’état du Monde. En trois chansons qui tourneront dans les têtes, Ada Dyer chante le cœur du disque, terminant sur une note d’espoir. Jeff Beck intervient sur quatre plages dont un échange très vivant avec Jef Lee Johnson (Square Dance Rap), puis avec Ada Dyer (« Portable Solution »). Jef Lee Johnson signe un mémorable solo dans « She Can’t Explain ». Tony Hymas, François Corneloup et David King maintiennent le feu avec puissance et nuance. Les quatre membres d’Ursus Minor et leurs invités jouent la lumière, seule capable de chasser l’obscurité.
(© Nocturne D.R.)