Chronique

Valérie Graschaire

Wrap It Up

Valérie Graschaire (voc), Pierre-Alain Goualch (kb), Diego Imbert (elb), Franck Agulhon (dms), Manu Codjia (g), Fabrice Ach (voc).

La pochette du disque annonce la couleur, ou plutôt les couleurs : Wrap It Up (traduisez par « Emballez c’est pesé ! ») regorge d’une musique pleine de lumière vive, une occasion pour la Lorraine Valérie Graschaire de faire un léger pas de côté en s’écartant du sillon jazz qu’elle creuse depuis de longues années maintenant pour aborder les rivages d’une musique plus orientée vers une esthétique soul, voire électro. Autant le dire sans détour : c’est là un programme de pur plaisir, dont la réalisation soignée est de surcroît à souligner

La chanteuse est ici entourée des membres du quartet – des amis fidèles autant que des musiciens – qu’elle avait formé au début des années 90 : Franck Agulhon (batterie) [1], Pierre-Alain Goualch (claviers) qui a composé par ailleurs la quasi-totalité des musiques, et Diego Imbert (basse), sur le label duquel l’album est publié. Et comme si ces couleurs ne suffisaient pas, un invité vient apporter les siennes, et pas des moindres, le guitariste Manu Codjia, dont on connaît la richesse des inspirations aux côtés d’Henri Texier ou d’Émile Parisien, pour ne citer que deux exemples prestigieux. On n’oubliera pas non plus le travail accompli par un autre ami, Fabrice Ach, pour un plaisir supplémentaire du côté des harmonies vocales.

Ce qu’on a envie de souligner aussi, c’est que Wrap It Up, par-delà son groove latent et cette pulsation très sensuelle qui donne au corps l’envie irrépressible de se mettre en mouvement, est un vrai disque de groupe. Ici, vous ne trouverez pas une chanteuse accompagnée par ses musiciens, mais un collectif où la prise de parole de chacun des membres est fortement recommandée. Parfois même, ces valeureux compagnons restent entre eux, le temps d’une courte pause, et partent explorer des territoires flottants (« Watch Your Step »). À ce petit jeu, on a envie de souligner le travail de fond accompli par Pierre-Alain Goualch qui contribue très largement à la définition de cet environnement sonore fiévreux. Et dont les claviers n’aiment rien tant que de prendre leur envol, stimulés çà et là par les saillies électriques de Manu Codjia (« Confession » ou « No Matter » en sont les parfaites illustrations). Ces deux-là, très en verve, poussés par les rondeurs d’une rythmique dont la complicité multi-décennale est avérée, contribuent sans doute pour beaucoup à l’épanouissement du chant de Valérie Graschaire qu’on n’a peut-être jamais connue aussi à l’aise dans un répertoire taillé sur mesure pour elle.

Alors disons-le tranquillement : il est des temps un peu gris, confinés ou pas, dont on pourra aisément raviver les couleurs avec ce Wrap It Up porteur de jubilation.

par Denis Desassis // Publié le 17 janvier 2021
P.-S. :

[1Il n’est un secret pour personne que le batteur est aussi l’époux de Valérie Graschaire.