OM

Groupe emblématique du jazz s’ouvrant au rock ou d’un rock flirtant avec le jazz, la formation irlando-helvète OM a connu deux périodes durant une existence dont le disque d’aujourd’hui fête le jubilé. La première pendant les années 70 et 80, lorsqu’elle posa les bases d’une musique hybride aux investigations tous azimuts sur le continent européen avant de s’interrompre. La seconde, à compter des années 2000, à la reprise d’une activité sans nostalgie mais en quête toujours d’une même perspective , celle d’une prospection radicale et toujours fructueuse sur des territoires à défricher ou creuser.

Pour fêter cinquante années d’une telle activité, OM publie chez Intakt ce qui sera, à coup sûr, le dernier enregistrement de cette seconde période puisque le batteur Fredy Studer, décédé en août dernier, y figure encore, marquant si ce n’est la fin, en tout cas une étape dans l’évolution historique de ce groupe.

En six pistes plutôt longues, on retrouve ce mélange de groove profond, tenu en particulier par la basse de Bobby Burri qui rappelle évidemment le Miles Davis électrique, l’afro-américanité en moins, une puissance frontale et désaffectée en plus. Le jeu des quatre musiciens est dans ces cas-là extraverti et propice à des phénomènes de transe qui conduisent l’auditeur dans des magmas brûlants où chacun s’exprime à loisir dans une conversation croisée et polyglotte.

Sur un autre versant, le groupe cherche à ouvrir des espaces et mettre à jour des idées plus abstraites. Le saxophoniste Urs Leimgruber, qu’il n’est pas excessif de considérer comme un des grands spécialistes du suraigu, en est la cheville ouvrière. Il trace des lignes sèches, suivi au plus près par la guitare moins anguleuse de Christy Doran, se plaçant à l’affût de l’inattendu dans des moments de tension, et crée des effets élastiques dans le déroulement du temps.