Dossier

Hongrie - Jászus Hungaricus

Un dossier sur le jazz et les musiques improvisées en Hongrie, les musicien.ne.s et les structures qui font vivre ces musiques.
Un dossier subjectif et incomplet, forcément.


Jusque dans les années 80, les pays de l’ancien bloc soviétique ont été dans l’angle mort du jazz européen. La Hongrie, par sa position centrale, par son histoire de carrefour culturel et par sa réputation d’excellence musicale a construit, à l’ombre du rideau de fer, une musique riche.
Le Jazz hongrois est friand d’échanges, à la fois fort respectueux des traditions et furieusement fier de son indépendance. Ce dossier est l’occasion de montrer la diversité, la cohésion et la richesse d’une scène qui a une place privilégiée en France, malgré la nécessité de la découverte.

Magyar Moderne, focus hongrois

Petit tour d’horizon du jazz hongrois

La Hongrie est un paradoxe. Pays de moins de 10 millions d’habitants, qui a été une partie d’empire attachée à l’Autriche, carrefour incontournable de l’Europe resté longtemps au cœur des tensions internationales, c’est également un incroyable vivier d’artistes et de penseurs qui se sont nourris des mouvements de populations et des ruptures de l’histoire. De Ferenc Liszt à György Kurtág, les compositeurs de musique écrite occidentale ont toujours été un fer de lance d’une tradition, celle de l’excellence musicale à Budapest, ville d’empire séparée en deux par le Danube, comme une césure entre l’Occident et l’Orient. Un lieu de frottement créatif propice à tous les échanges sur lequel prospèrent les musiciens de jazz dont la particularité a couvé derrière le Rideau de Fer. Une famille protéiforme qui mérite d’être mieux connue.

ENTRETIENS

Miklós Lukács, maître des horloges

Le joueur de cymbalum hongrois répond à nos questions.

Phénomène repéré depuis de nombreuses années sur la scène européenne, Miklós Lukács est de ces musiciens qu’on n’est jamais surpris de retrouver dans de nombreux projets. En Hongrie bien sûr, où il a écumé toutes les scènes d’importance avec ses pairs, du vétéran Béla Szakcsi Lakatos à Mihály Dresch. Mais aussi dans toute l’Europe où son cymbalum, cet instrument populaire à cordes frappées d’Europe Centrale, fait sensation. Mais bien plus que l’instrument, c’est la personnalité et la finesse musicale de Lukács qui est recherchée, et le spectre large de son jeu, qui embrasse le classique aussi bien que l’improvisation pure. En deux trios, de « l’américain » de Cimbalom Unlimited au « hongrois » Cimbiosis, il a imposé sa propre voix et son instrument polymorphe. Rencontre avec un musicien généreux fasciné par le temps et les rencontres

Gábor Gadó

Rencontre avec un des grands noms du jazz européen.

Gábor Gadó est certainement le personnage central de ce dossier Hongrie, et l’interviewer répondait à une nécessité. Celui qui dans le milieu des années 90 est arrivé en France, à une époque où le rideau de fer laissait passer les musiques de marges, a attiré l’attention des amateurs de jazz et a tissé des liens avec de nombreux musiciens français.
Après plusieurs années de retrait discographique, toujours entre Budapest et Lyon, le guitariste revient avec Veil And Quintessence un bijou en duo avec le trompettiste belge Laurent Blondiau. Sa parole est comme son jeu, reconnaissable immédiatement : franche, persistante, intelligente et claire ; le regard qu’il porte sur la musique hongroise et européenne est fort et puissant.

Csaba Palotaï

Le guitariste hongrois vit en France depuis 1996

Csaba Palotaï s’inscrit dans une double tradition du jazz hongrois : celle de la guitare, et celle de l’exil. Installé en France depuis 1996, il a côtoyé très vite les musiciens français de sa génération, comme Rémi Sciutto ou Thomas de Pourquery avant de poursuivre une voie très personnelle où se croisent le rock, le blues et le jazz le plus libre. On en avait eu un aperçu dans The Deserter, un album solo sorti en 2016 ; il transforme l’essai avec Antiquity un disque paru en trio sur le label Budapest Music Center. Rencontre avec un observateur et un acteur passionnant de la relation entre les musiciens hongrois et français.

István Grencsó

Un saxophoniste ardent, un héraut du Free

Méconnu en France en dépit d’une discographie impeccable et de collaborations foisonnantes avec de grands noms de l’improvisation européenne, István Grencsó est un saxophoniste ardent, un héraut du free qui sait ce que liberté veut dire. Après avoir débuté sa carrière aux côtés de György Szabados, notamment dans l’orchestre Makuz, Grencsó s’est illustré avec son Kollektiva dont nous faisons ici régulièrement recension. Ses ensembles, incubateurs de jeunes talents et concentrés d’énergie, font la part belle à une grande rigueur rythmique et à une poésie omniprésente ; en témoigne sa collaboration avec Lewis Jordan. Rencontre avec une véritable légende.

Sébastien Boisseau

Un entretien autour de Gábor Gadó, le label BMC et la scène Hongroise.

Le contrebassiste Sébastien Boisseau - certainement le musicien français le plus impliqué avec la scène hongroise - collabore depuis de nombreuses années avec le guitariste Gábor Gadó et le label BMC. Au côté de Matthieu Donarier et Joe Quitzke, il est, avec Christophe Monniot également, curieux de ces rencontres trans-européennes qui enrichissent en permanence son langage musical. Faisant fi des replis nationalistes, envisageant les rencontres et les croisements comme une utopie artistique concrète, il revient pour Citizen Jazz sur cette collaboration au long cours.

CHRONIQUES

DGSM

Things Left At The Ebb Tide / Hátrahagyott Dolgok, Apály Idején