Chronique

Diego Imbert

Urban

Diego Imbert (elb, g), Pierrick Pédron (as), David El-Malek (ts), Quentin Ghomari (tp, bugle), Bastien Ballaz (tb), Pierre-Alain Goualch (kb), Franck Agulhon (dms, perc).

Les hasards du calendrier peuvent réserver des surprises. Ce n’est pas Diego Imbert qui dira le contraire, lui qui vient de publier Urban, pourtant enregistré avant Tribute To Charlie Haden, son disque précédent sorti à la fin de l’année 2017. Certaines priorités s’imposent parfois et l’hommage au contrebassiste, en collaboration étroite avec Enrico Pieranunzi et André Ceccarelli, avait chamboulé l’ordre des choses.

C’est bien en 2016 que Diego Imbert a voulu revenir à ses premières amours en empoignant à nouveau sa basse électrique, délaissée depuis de longues années au profit d’une grande sœur acoustique dont les notes s’étaient fait entendre dans son quartet, aux côtés de Biréli Lagrène, Sylvain Beuf, Michel Perez ou dans un hommage à Nougaro, la liste étant loin d’être exhaustive… Et afin d’assouvir avec plus de dynamisme sa passion pour la basse, c’est une formation élargie qui a été constituée. On retrouve, fidèles au rendez-vous, les trois complices du quartet : Franck Agulhon à la batterie, David El-Malek au saxophone ténor et Quentin Ghomari à la trompette, aux côtés desquels d’autres musiciens sont conviés, histoire d’étoffer le propos et d’enrichir la palette des couleurs. C’est vrai qu’on peut compter sur Pierrick Pédron (saxophone alto), Bastien Ballaz (trombone) et Pierre-Alain Goualch (claviers) pour imposer leur présence et contribuer à l’élaboration d’un ensemble plutôt festif. Un moment de musique d’autant plus réussi qu’un expert en réalisation, l’omniprésent Éric Legnini, s’est penché sur Urban, histoire de prodiguer de précieux soins et contribuer à son éclosion.

Urban se situe clairement dans une mouvance dont les couleurs doivent autant au funk qu’au jazz. La rythmique et les claviers inclinent vers le premier, les instruments à vent plutôt vers le second. On goûte le balancement tranquille de « Moovies » ou de « Werewolf » et leurs belles textures nées du souffle conjoint des saxophones, du trombone et de la trompette. D’abord paisible, « Urban » est gagné par une fièvre davisienne digne des années 80. « Marchin’ », comme son nom l’indique, a les airs d’une joyeuse fanfare des rues. « Bridges » ou « Twins » et leurs rythmes syncopés créent une tension douce sur laquelle s’épanouissent les sonorités cuivrées, celle d’un Pierrick Pédron très en verve notamment. « Brixton Market » nous embarque à la fois vers Londres et un climat plus dub.

On devine que Diego Imbert, en capitaine décontracté de son embarcation, savoure le plaisir d’être au cœur d’une histoire qu’il avait un peu laissée de côté. La sonorité ronde et feutrée de sa basse électrique, le groove paisible de ses compositions sont autant de bonnes raisons de faire le voyage avec lui.