Dixième édition du Marly Jazz Festival

Il est toujours agréable de laisser Patrice Winzenrieth, créateur et programmateur du Marly Jazz Festival, évoquer les années passées. Car une chose est sûre : ce passionné de jazz et de musiques du monde aime par-dessus tout partager ses coups de cœur ; il s’émerveille encore d’avoir su inventer une rencontre annuelle reconnue des musiciens, qui en apprécient la convivialité au point d’être parfois les premiers à demander à y revenir. Une rencontre dont le succès ne s’est pas démenti depuis sa création en 2005. La petite ville de Marly – voisine de Metz – a bien de la chance de bénéficier des élans d’un artisan qui voit cette année son bébé passer à la vitesse supérieure avec une nouvelle salle à l’occasion de sa dixième édition. On connaissait la salle des fêtes de la Louvière, voici venir le NEC (pour Nouvel Espace Culturel), juste à côté, avec ses 760 places assises. Soit plus que le double de sa sœur aînée et donc un pari risqué : rien ne garantit que les fidèles du festival vont doubler leur nombre aussi…

C’est toujours la même histoire : une première édition du festival voit le jour, puis une deuxième, sans garantie pour l’avenir, et les suivantes, grâce à l’énergie d’une équipe motivée, mais aussi ses soutiens et ses indispensables bénévoles, sans qui rien ne serait possible. Un coup d’œil dans le rétroviseur montre que les responsables peuvent être fiers de leur bilan, tant quantitatif que qualitatif, car de bien belles affiches ont pu être proposées jusqu’à présent au public. Jugez plutôt : Stéphane Belmondo, Omar Sosa, Stéphane Huchard, Moutin Réunion, Renaud Garcia-Fons, Miguel Zenon, Avishai Cohen, Ambrose Akinmusire, Stefano Di Battista, Vincent Peirani, Stéphane Kerecki, Aldo Romano, Paolo Fresu, Rosario Giuliani, Eric Legnini, Louis Winsberg… Pas mal pour des amateurs, non ? Et puis toujours cette volonté de promouvoir autant que faire se peut des musiciens régionaux en première partie, histoire de leur donner un coup de pouce quand les portes des grands festivals leur sont fermées à double tour. C’est tout cela, le Marly Jazz Festival, un peu comme une affaire de famille, avec ses quatre soirées du jeudi au dimanche, sans oublier le Marlymages (diffusion d’un film), et les apéro-concerts gratuits.

Cette année, tout commencera le 10 mai, pour un hommage à Ray Charles en musique avec le groupe Slikk Tim And Friends, avant la diffusion de Ray, de Taylor Hackford. C’est à partir du 15 que le festival prendra vraiment son envol avec une carte blanche à Franck Agulhon (lorrain d’adoption puisqu’il habite à mi-chemin entre Nancy et Metz). Le batteur ne manquera pas d’évoquer Post Katrina, le tout nouvel album de son trio ; lui succédera sur scène une belle brochette d’invités parmi lesquels un certain Michel Portal. La soirée du 16 mettra Kenny Garrett en vedette tandis que le quartet A NousGaro (André Ceccarelli, David Linx, Pierre-Alain Goualch et Christophe Wallemme) célébrera le lendemain le dixième anniversaire de la disparition du chanteur toulousain. Et pour finir l’édition 2014 « à l’énergie », le Moutin Factory Quintet se produira le dimanche soir.

Bonne chance, donc, au Marly Jazz Festival et à son cru printanier bénéfique, en attendant les 10 ans. Soit une nouvelle occasion de vibrer en musique en célébrant l’obstination de ses instigateurs et le soutien de son public.