Frasques Orchestra au Pannonica

La compagnie Frasques a été créée en 2003 par Guillaume Hazebrouck, Olivier Thémines et Jean-Baptiste Réhault, tous trois à la fois compositeurs et instrumentistes. Multipliant les aventures musicales – disques et concerts, ciné-concerts, collaborations avec le théâtre –, ils aiment confronter plusieurs esthétiques pour donner naissance à un univers unique. On se souvient ainsi des disques du trio du clarinettiste Thémines ou du sextet du pianiste Hazebrouck parus chez Yolk en 2009 et déjà évoqués sur Citizen Jazz.

Dorénavant installée à La Fabrique de Nantes, tout comme Yolk, la compagnie Frasques a engendré le Frasques Orchestra, nonet qui porte haut l’esthétique de la compagnie. Au service d’un répertoire concocté par les trois membres fondateurs, l’orchestre donnait son concert de création au Pannonica de Nantes en novembre 2011. Et comme il n’est jamais trop tard pour parler des bonnes choses…

Navigant entre inspiration cinématographique, influences burlesques, jazz et musique de chambre, la musique du Frasques Orchestra évolue en fonction du compositeur, offrant des compositions variées, avec comme point commun un travail réussi sur les textures et les timbres. Il faut dire que l’instrumentation permet toutes les audaces : piano, guitare, batterie, contrebasse, violon, clarinettes, saxophones, flûte et vibraphone, voilà qui ouvre le champ des possibles. Autour d’arrangements ciselés, la musique s’avère subtile et intelligente, riche de couleurs et de nuances précieuses. Bien que très écrite, l’œuvre concoctée par Hazebrouck, Réhault et Thémines ménage de beaux espaces aux improvisations, notamment des soufflants, du piano et du vibraphone. Les solos sont relativement courts, ce qui maintient l’attention sur le travail d’ensemble et les orchestrations. Nombreuses sont les images qui traversent mon esprit mais cela n’empêche qu’une identité s’affirme, probablement due à une longue histoire commune et renforcée par la semaine de travail au Pannonica qui a précédé le concert.

Voilà un orchestre comme on les aime, un orchestre qui n’a pas oublié que le jazz est une musique de métissage, qu’il n’est jamais aussi riche que lorsqu’il s’imprègne de la personnalité des musiciens qui la composent et la jouent. Chaque influence est ici incorporée au propos, magnifiée au contact des autres éléments constitutifs, pour aboutir à un résultat très évocateur. C’est avec plaisir qu’on accepte l’invitation au voyage musical lancée par le Frasques Orchestra, une bien belle découverte.