Chronique

Guillaume Belhomme

Giant Steps / Way Ahead

Label / Distribution : Le Mot et le Reste

Deux cents figures du jazz…

Ces deux ouvrages (le premier paru en 2009) proposent au lecteur un parcours à travers l’histoire du jazz, des origines à nos jours, en 200 portraits et 1000 chroniques de disques. L’auteur fut collaborateur à la revue Jazz Hot, écrit aujourd’hui notamment pour Les Inrockuptibles et sur son site web Le son du grisli.

Il est toujours délicat de commenter l’œuvre d’un confrère, et je n’ai jamais beaucoup apprécié ce qui tourne souvent au règlement de comptes, dont on peut finir par faire les frais. J’ai une estime particulière pour son précédent livre, consacré à Eric Dolphy.

Dans ceux-ci, on pourra regretter le choix de présenter les musiciens par date de naissance ; l’ordre alphabétique ou la catégorie instrumentale auraient permis une lecture plus repérable, mais on s’y habitue plus ou moins vite. Chaque portrait est accompagné d’une discographie très sélective - donc réductrice - de cinq disques. Si on ne peut pratiquement rien leur reprocher, on s’interroge toutefois sur certaines tournures de phrase et certaines conclusions (« faire chanter de longues notes parallèles afin de servir au mieux l’esthétique d’une abstraction de traîne » (!), à propos de Michel Doneda, par exemple). Mais ce ne sont là que menues remarques.

En revanche, il est regrettable, dans cette double histoire du jazz, de ne pas consacrer de portrait complet à des musiciens de génie tels Django Reinhardt (cité quatre fois), Stéphane Grappelli (5 fois), écarter Jean-Luc Ponty, Michel Petrucciani, Daniel Humair, Aldo Romano, André Ceccarelli, Henri Texier, Louis Sclavis, John McLaughlin, Brad Mehldau, Art Pepper et la plupart des musiciens de la West Coast et de la fusion, plus les musiciens européens (Italie, Allemagne, pays nordiques), les ONJ et les jeunes et moins jeunes musiciens français actuels (je m’abstiens d’en dresser la liste par manque de place). De même, les femmes sont peu représentées (8 sur 200), à part les chanteuses modernes (ni Carmen McRae ni Helen Merrill) et peu citées… trois pianistes contemporaines seulement (Carla Bley, Irène Schweitzer et Marylin Crispell) ont cet honneur…. Mais peut-être les absents feront-ils l’objet d’une prochaine publication ? On l’espère.