Chronique

Leyla McCalla

A Day For The Hunter, A Day For The Prey

Leyla McCalla – cello, tenor bjo, g, voc ; Daniel Tremblay – bjo, g, ti fer, voc ; Free Feral – viola, voc ; Jason Jurzak – b, sousa

Label / Distribution : Jazz Village

Violoncelliste et chanteuse américaine, Leyla McCalla s’est fait connaître du grand public il y a deux ans avec un hommage au poète de la Harlem Renaissance Langston Hughes : Vari-Colored Songs. Véritable bijou folk, ce premier album plaçait la barre très haut, mais même sans cela, toute deuxième production est un exercice périlleux.

Avec A Day For The Hunter, A Day For The Pray, McCalla ne s’en tire pas si mal, bien que la proposition soit moins originale que la première. Au lieu d’être seule, elle est maintenant accompagnée d’une viole (Free Feral), d’une basse (Jason Jurzak), d’un banjoïste (Daniel Tremblay) et de plusieurs invités, dont Marc Ribot ou encore Rhiannon Giddens, des Carolina Chocolate Drops avec qui McCalla a tourné.
Elle chante en anglais et en créole, continuant d’explorer ses origines haïtiennes, comme la culture hétérogène de sa ville d’élection, la Nouvelle-Orléans. Certains textes sont également en français et l’album sort sur JazzVillage, label français. C’est que depuis Vari-Colored Songs, la France lui a fait un accueil enthousiaste et qu’elle y a notamment tourné aux côtés de Raphaël Imbert, dans Music is My Home. Ce brassage culturel se retrouve bien sûr dans sa musique : à travers, par exemple, le solo de guitare électrique signé Marc Ribot qui orne la chanson haïtienne traditionnelle « Peze Café », ou dans le côté pop du titre qui donne son nom au disque.
Mais alors que le premier album marchait sur un fil poétique ténu, tel un funambule, celui-ci est quelque peu dilué dans des sons (guitares, réverbérations…) plus conventionnels qui ont tendance à voiler la force indéniable de ses mélodies (« Far From Your Web », « Let it Fall ») comme la très grande poésie de son chant (« Salangadou ») en duo avec la chanteuse néo-orléanaise Sarah Quintana.