Chronique

OXYD

Onze Heures Onze

Alexandre Herer (Rhodes), Matteo Bortone (elb), Olivier Laisney (tp), Thibault Perriard (bt), Julien Pontvianne (ts)

Sorti voici quelques mois, ce disque enregistré par les cinq compères, (originaires d’Île-de-France, de Normandie ou d’Italie) d’Oxyd sous la houlette d’Alexandre Herer contient une bonne dose d’énergie et une d’évidentes promesses. En effet, malgré la jeunesse des musiciens, ce groupe n’est pas un inconnu : déjà lauréat en 2008 du tremplin Rezzo de Jazz à Vienne, il a aussi raflé la même année le premier prix dans la catégorie « Groupe » et le premier prix du « Soliste » pour Herer aux Trophées du Sunside.

Ce dernier, qui signe toutes les compositions d’Onze Heures Onze, consacre tout son talent d’instrumentiste au Fender Rhodes, et donne à l’ensemble une tonalité « jazz électrique » qui attire naturellement l’attention : on est aux antipodes du jazz rock souvent insipide qui n’a que trop fleuri sur la bande FM dans les années 80. Oxyd met une bonne dose de rock dans son jazz en ce sens qu’il lui insuffle une énergie fougueuse sans jamais chercher à caresser les oreilles dans le sens du lobe. Ce groupe bien soudé, où tous les efforts tendent vers un même but - une inspiration résolument contemporaine - fait la part belle aux trois solistes, soutenus par une rythmique d’acier.

Autour du leader, Olivier Laisney (trompette), Thibault Perriard (batterie), Julien Pontvianne (saxophone ténor) et Matteo Bortone (basse électrique) abattent avec fougue les cartes d’un jeu sans complexe où, après l’exposition de thèmes aux mélodies soignées qui frappent juste, syncopes et ruptures de rythme le disputent à de belles séquences improvisées. La virtuosité n’est ici ni démonstrative ni ennuyeuse ; au contraire, elle se met au service d’une musique jaillissante qui donne envie de voir le groupe sur scène au plus vite.