Scènes

Orphicube Atomique

L’Orphicube joue Atomic Flonflons au Pannonica


Photo : Michael Parque

Ouverture de saison du club nantais avec Alban Darche et son Orphicube. La joyeuse équipe, venue défendre le disque Atomic Flonflons, a mis des bulles de champagne dans les verres de l’auditoire et montré une fois de plus sa capacité à s’adapter à tous les terrains.

Après la présentation de la programmation dans ses grandes lignes par Cyrille Gohaud, programmateur de la salle, l’Orphicube s’installe. Basse, batterie, piano (Sébastien Boisseau, Christophe Lavergne, Nathalie Darche) sont bien calés au fond de la scène qui n’est pas bien grande. Devant, la rangée de soufflants : les nouveaux venus - Olivier Laisney, Stéphane Payen - et les historiques - Matthieu Donarier et Alban Darche - se tient à gauche ; à droite, le violon de Marie-Violaine Cadoret, venue combler l’absence de Didier Ithursarry [1]. Entre elle et eux, une chanteuse, Chloé Cailleton.

L’Orphicube, que l’on a vu en février dernier dans le cadre prestigieux du Théâtre Graslin, est malléable. Le son sans ses soufflets est plus tranchant et se loge directement au fond des oreilles d’un public forcément gagné à sa cause pour cette formation qui joue à domicile. Passée l’entame du concert avec le titre “Saudade”, tout en retenue et un peu appliqué, le nœud de cravate se desserre. On ouvre la fenêtre, le coude à la portière, la main sur le volant et roule ma poule. Emmenée par la basse gracile de Sébastien Boisseau, la machine bondit avec entrain sur les routes charmantes mais sinueuses de l’univers de Darche, tiré du programme de son nouveau disque.

Tango, paso doble, ragtime nous entraînent dans l’imaginaire musical du XXe siècle. Le circuit touristique, forcément connu de tous, est abordé avec gourmandise et c’est avec griserie qu’on assiste à une série de dérapages contrôlés, de montagnes russes, de décrochages inattendus qui nous conduisent toujours à une ligne d’arrivée impeccablement tracée. Le déploiement de cette technique d’écriture orchestrale valorisant, de surcroît, les individualités.

Nathalie Darche, photo Michael Parque

Première incursion féminine chantée dans l’Orphicube, incarnée par la voix de Chloé Cailleton. Elle a le bon goût d’éviter les minauderies des chanteuses jazzy. Elle n’est d’ailleurs pas une chanteuse jazzy, bien plutôt une musicienne dont l’instrument est la voix. Interprétant des textes (Verlaine notamment) ou ponctuant avec délicatesse les phrases de quelques mélismes, elle se sort merveilleusement et avec espièglerie du drôle « Rhythm Song » dont les paroles consistent à nommer les rythmes qu’elle chante. Et ça ne semble pas évident du tout.
Complexité et décontraction sont d’ailleurs les maîtres mots qui définissent ce mini big band. Cette musique aux arrangements subtils paraît naturelle et les musiciens prennent autant de plaisir qu’ils en donnent.

A noter, le partenariat que le label Yolk (co-dirigé par Alban Darche) initie avec le Pannonica. Pour chaque sortie de disque, un concert sera proposé dans le club.

Prochain rendez-vous le 30 janvier prochain avec un double plateau Yolkien : Tryolk (Alban Darche / Jean-Louis Pommier / Sébastien Boisseau) et Adieu Mes Très Belles (Matthieu Donarier / Poline Renou / Sylvain Lemêtre).

par Nicolas Dourlhès // Publié le 11 novembre 2018

[1membre de l’Orphicube, elle ne joue pas sur l’enregistrement d’Atomic Flonflons